Ferveur dans la voix, braise dans les yeux, courant dans les circuits, tripes sur la table. Cette forme resplendissante étant observée, on ajoute que Patti Smith n'a pas vraiment bousculé ses équations proverbiales: le mythe, l'histoire, le rêve, la critique de l'Occident et des Amériques, la dissidence, le chamanisme poétique lui parcourent le corps comme avant.

Ainsi, le peintre et mathématicien Piero Della Francesca est imaginé sur son lit de mort en 1492, année de la découverte de Colomb (Constantine's Dream). Sont mis en scène de sages autochtones du Nouveau Monde (Amerigo) ou de magnifiques hors-la-loi en cavale amoureuse (April Fool). De manière générale, Patti Smith alimente une oeuvre poétique qu'elle couche sur un lit de rock on ne peut plus fidèle à ses meilleures équations - ont entre autres participé à cet album des contributeurs de son fameux Horses: Lenny Kaye aux guitares, le batteur Jay Dee Daugherty ou même Tom Verlaine (Television).

On y ressent une volonté claire d'aller plus loin musicalement, sans que l'on puisse conclure à une avancée exceptionnelle. La qualité d'un tel travail, il faut dire, repose aussi sur la qualité remarquable des mots, ce qui en rehausse la perception. Onzième album studio de Patti Smith, premier album de chansons neuves depuis 2004, on dit encore respect.

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