Nino Machaidze est présentée par Sony, et non sans raison, comme «The New Soprano Star». Les nouveaux chanteurs, hommes et femmes, pullulent actuellement, mais rares sont ceux et celles qui ont vraiment quelque chose à offrir. La très jeune (un peu moins de 30 ans) et très belle nouvelle venue apporte une indéniable fraîcheur, sinon une vraie personnalité, au monde de l'opéra. Plus précisément: une grande voix de soprano lyrique, conduite avec justesse, très éclatante à l'aigu, capable aussi d'une expression réelle et non factice.

Réalisé avec l'Orchestre et le Choeur du Teatro Comunale de Bologne dirigés par Michele Mariotti, ce premier disque groupe neuf airs: cinq italiens et quatre français. De Roméo et Juliette, l'oeuvre qui la révéla, Nino Machaidze chante deux airs. Si elle fait de Juliette un personnage inhabituellement dramatique, elle le traduit hélas! dans un français incompréhensible. Ainsi, le fameux «Je veux vivre dans ce rêve» devient ici «Ju vu vivru dans su révu». Il est évident que le texte a été appris «au son». Le récitatif menant au fameux air de la «petite table», de Manon, n'est pas tout à fait celui que l'on connaît. Cette fois, la chanteuse n'est pas en faute: la partition révèle des notes facultatives qu'on n'utilise jamais.

La partie italienne est la plus réussie: l'air du premier acte de Lucia di Lammermoor, avec son beau solo de harpe, ceux d'Il Turco in Italia, de Rossini, et de La Sonnambula et ceux des plus obscurs Adelson e Salvini, du même Bellini, et de Linda di Chamounix, de Donizetti. Sans posséder le timbre très particulier de Callas ou de Sutherland, immortelles héroïnes du bel canto, Nino Machaidze chante ce répertoire avec la parfaite agilité, les étourdissantes fioritures et le phrasé chaleureux qu'il requiert.

NINO MACHAIDZE, SOPRANO. SONY, 88697847042