Les rimes sont mâchonnées. Ce joual n'est pas intégralement mis en bouche. Les voix sont approximatives, les instruments à peine domptés.

À l'instar de Daphné Brissette et Annie Carpentier, qui portent ces mots pour le groupe Canailles sauf exception, on finit par s'en balancer. Aucune maîtrise apparente. Ni musicale ni littéraire. Ce qui surgit dans les oreilles tient plutôt de la force de l'onde. Canailles n'est pas une affaire de maîtrise mais le résultat d'une émotion collective, complice à souhait. Aventure d'amateurs en voie de professionnalisation: depuis la finale des Francouvertes l'an dernier à laquelle Canailles a pris part, ces jeunes gens ont parcouru la distance nécessaire à la sortie d'un premier album plus qu'honnête, de surcroît coréalisé par Socalled. Ce dernier en a deviné la vérité, apprécié le mouvement vibratoire pour ainsi contribuer à son amélioration tangible.

Blues, country, bluegrass, keb folk, gospel, touches de jazz primitif ou de pow wow amérindien, effluves d'alcool et d'herbes folles. Qu'on ne s'y méprenne pas, Canailles ne fait pas exclusivement dans le festif, on ne s'y étourdit certes pas que pour faire briller la nuit ou catalyser le désir. On peut s'y engourdir la caboche pour des motifs plus sombres; amours brisées, malaise dans le portefeuille et autres vicissitudes. Inutile d'ajouter qu'on y mange du bois...

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INDIE POP

Canailles

Manger du bois

*** 1/2

Grosse Boîte