Ainsi donc, au milieu de la soixantaine, David Lynch a succombé à la tentation de rendre publiques 14 chansons.

Guitares, claviers, programmation, percussions, voix - la sienne, trafiquée au vocoder et d'autres filtres, ou encore celle, intacte sur la chanson Pinky's Dream, de l'invitée Karen O (Yeah Yeah Yeah). Oui, on renifle un peu de Twin Peaks, Sailor&Lula, Lost Highway... Possible qu'on ne sache pas sur quel pied danser.

Qu'on soit incapable de déterminer s'il s'agit là d'un bon ou d'un mauvais signe. Doit-on résumer cette expérience à celle d'un freak de sous-sol ayant quelques notions de blues ou de rock, et dont la salle de jeu comprend instruments et cossins électro qu'il tente de maîtriser à temps perdu?

À bien y penser, pas du tout. Même si le vieux Lynch n'a ni expérience musicale ni formation, il sait mélanger ses couleurs, créer un son qui se tient. Un artiste de cette trempe a des notions esthétiques, des préférences en musique, des dizaines de milliers d'heures d'écoute derrière la cravate.

Alors? Le virus fait son effet: on finit par se laisser envahir par cette substance de blues et de techno, trames sur lesquelles les mots se prêtent à d'étranges explorations oniriques, séances d'autohypnose, érotisme glauque, trépanation de l'inconscient, méditations aux barbituriques et à la fumée de moquette. Crazy Clown Time, dit la chanson...



À télécharger: Strange And Unproductive Thinking



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Crazy Clown Time * * * 1/2

Play It Again Sam