Il y a 11 ans, Eminem lançait son classique The Marshall Mathers LP, sur lequel on trouvait la chanson Kill You. Tout est dans le titre: le rappeur menaçait d'assassiner sa mère - le reste de l'album, lauréat du Grammy du meilleur album rap de l'année, flirtait allègrement avec des thèmes aussi violents et sordides.

Retour en 2011, et voilà cet attendu deuxième album solo du rappeur californien Tyler the Creator, membre du collectif Odd Future Wolf Gang Kill Them All. Alors? Une personnalité forte, une voix grave (c'est sa marque), des beats lugubres faits de minimalistes structures rythmiques et de synthés pesants. Surtout, des thèmes aussi sinistres et violents qu'à la belle époque d'Eminem.

Homophobie, misogynie, violence généralisée en pulsions meurtrières... Goblin est sans doute cathartique pour son auteur, mais à l'écoute, ce n'est pas joyeux. «I'm not a fuckin' role model», annonce le perspicace Tyler Okonma sur la chanson-titre qui ouvre l'étrange et malaisant Goblin. Il dialogue ensuite avec son alter ego (son Slim Shady?) pendant toute la durée de l'album, controversé, on imagine, mais surtout inégal. De chansons qui piétinent à des collaborations d'intérêt discutable, on endure ainsi l'autothérapie d'un vieil ado aux fantasmes troublants. «Hey, don't do anything that I say in this song», clame-t-il au début de Radical. Ben oui, Tyler, on avait compris.

HIP HOP

TYLER THE CREATOR

Goblin

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XL Recordings