À un ami qui s'étonnait de la disparité des thèmes sur le 33e album studio de Ginette Reno, j'ai demandé s'il avait déjà écouté au complet un de ses disques.

Si oui, il saurait qu'il y a une «manière Reno», unique, qui va du choix des sujets très large jusqu'à l'agencement des morceaux, une logique particulière sous des allures éclatées. Qui d'autre qu'elle chante avec une telle intensité, un tel abandon le sevrage amoureux, la dépression, le besoin absolu de tendresse, l'alcoolisme ou la beauté du monde?

En outre, cette fois, Ginette Reno a subtilement actualisé le son de ses chansons, gracieuseté de la plus grande confiance de son réalisateur (et fils) Pascalin Charbonneau et de l'apport des frères Courcy: «arabisation» des orchestrations de Papa est en Amérique, duo guitare électrique-Ginette, etc. C'est vrai, sa voix recourt désormais au trémolo pour soutenir les notes hautes, mais ça ne la rend que plus poignante. Et c'est Ginette elle-même qui signe une des meilleures chansons de l'album, la très «soul» Fatiguée. Fatiguée, notre Ginette, à près de 65 ans? Peut-être. Essentielle? Toujours.

Chanson

Ginette Reno

La musique en moi

*** 1/2

Melon-Miel/Select