Étonnant, ce huitième album de Mylène Farmer, dont la critique française répète qu'il est plus sombre que les précédents, à se demander si elle a déjà écouté les albums de la rousse Mylène: tous ses disques sont plutôt sombres, le septième, Point de suture, ayant marqué un sommet.

Sur ce Bleu noir, la Madonna de la zone euro a fait appel à des pointures comme compositeurs et/ou réalisateurs: Moby, RedOne (Lady Gaga), Jimmy Joker (Usher) et les deux gars d'Archive (son partenaire depuis 1984, Laurent Boutonnat, est totalement absent). Est-ce eux qui l'ont convaincue de chanter avec une voix parfois grave qui lui sied bien, de privilégier une atmosphère plus planante et moins plaintive, de faire de l'électro-pop qui n'est pas follement originale mais qu'elle fait vraiment sienne?

Il en résulte un album dont le besoin s'accroît avec l'usage, avec deux morceaux dansants (gracieuseté de RedOne et Joker) et d'autres plus introspectifs (dont deux en anglais), avec même une pointe de réel exotisme (Leila). Comme d'hab, on ne s'attardera pas aux textes, faits pour sonner, claquer et évoquer, pas pour raconter. On se laissera plutôt ensorceler peu à peu par cette étrange Mylène, née il y a 49 ans «sans contrefaçon, à Pierrefonds», à la fois humaine et synthétique, éternelle mutante fragile.

*** 1/2

ÉLECTRO-POP  Mylène Farmer  Bleu noir  Polydor/Universal