On est tellement habitué à la pop dessinée à gros traits et surlignée au marqueur fluorescent jaune, bleu ou rose que chaque nouveau disque de Jérôme Minière demande un petit apprivoisement.

C'est que rien n'est trop appuyé chez lui. Qu'il s'attarde au fragile lien amoureux (Avril, très beau duo avec Bïa), s'inquiète du regard qu'on pose sur l'Autre (Les autres) ou explore les racines de la violence (L'indifférence), il expose tout avec une subtilité que sa voix gracile ne fait qu'amplifier.

Moins intimiste que Coeurs (2007), mais pas moins sensible pour autant, Le vrai le faux pose un regard soucieux sur le monde. Ce qui n'en fait pas un disque grave pour autant. Minière pose ses textes doux amers et fins sur des mélodies fortes et des musiques étonnamment légères évoquant tantôt la disco d'il y a 30 ans (Chanson toute nue), tantôt l'électropop des débuts des années 2000 (Dans ton oreille).

C'est riche, touchant, parfois un brin frisquet, mais aussi sensuel dans le spleen. Joli paradoxe, sa pop d'appartement s'avère aussi presque dansante, ici et là. Comme quoi ce n'est pas parce qu'il ne fait pas beau tous les jours qu'il faut se laisser abattre.

CHANSON ÉLECTRO

Jérôme Minière

Le vrai le faux

***1/2

La Tribu/DEP