Le premier disque d'Arcade Fire, Funeral, était exutoire et respirait l'urgence. On y sentait une fébrilité dans les voix, une fureur et une intensité dans les mélodies.

Son successeur, Neon Bible, était plus sombre et romantique, avec un petit côté americana. Trois ans plus tard, Arcade Fire revient en force avec un album-concept de 16 chansons d'une cohésion remarquable, qui transporte une fois de plus son public ailleurs. The Surburbs est un peu plus pop que ses deux prédécesseurs, moins orchestral, avec un son plus léché et moins touffu, mais néanmoins riche. Ce sont la toute-puissance des mélodies et l'achèvement des arrangements de The Surburbs qui font sa force.

On n'a pas le goût de crier avec Arcade Fire comme sur Funeral, mais les chansons du groupe font l'effet d'une drogue injectée dans nos veines, suscitant en nous de grandes émotions et introspections sonores qui donnent presque un sentiment d'invincibilité. Les chansons Ready to Start et We Used to Wait sont des frissons instantanés, Suburban War est tout simplement d'une grande beauté, Half-Light II a une tension post-punk eighties, alors que la montée en puissance des cordes et des harmonies de Rococo, puis la finale avec les guitares électriques sont juste... ouf!

Régine Chassagne chante avec plus de douceur que sur les albums précédents alors que Win Butler confirme qu'il est un grand interprète, habité d'une voix sensible et poignante. Quant aux textes, ils sont les pensées pleines de vérité d'un jeune qui constate qu'il est devenu adulte, et qui réfléchit sur le temps qui passe. «All my old friends/They don't know me now, chante Win Butler. Hope that something pure can last.» La musique d'Arcade Fire évolue de façon brillante, créative et - n'ayons pas peur des mots - avec génie.

Chanson à écouter: Rococo


 

ROCK

Arcade Fire

The Surburbs

Merge Records

**** 1/2