L'alignement de Compass est celui d'un dream team: Feist, Gonzales, Chris Taylor (Grizzly Bear), Beck et son entourage... Chanteur de puissance, redoutable beatboxer, le Britannique Jamie Lidell y déborde largement le cadre de sa nusoul à l'européenne qu'il plonge dans un bouillon frémissant de pop indie à l'américaine.

Or, malgré le niveau très élevé du personnel, ce Compass ne s'avère pas un album-phare. Voilà plutôt l'album d'un musicien de bon goût qui bosse fort afin de renouveler sa proposition artistique. Transplanté aux États-Unis après avoir vécu plusieurs années à Berlin, Lidell a su fort bien s'entourer, on en convient. Produire de la qualité, on en convient. Question «soul attitude», cependant, on ne se prend pas un grand coup dans la gueule comme ce fut le cas pour un D'Angelo (époque Voodoo) ou, encore récemment, une Erykah Badu. Le territoire de Lidell demeure blanc de peau, ratisse dans la pop indie (déjà) convenue en plus d'affirmer son allégeance afrosoul, funk, R&B, hip hop ou même gospel.

Ce n'est pas un problème en soi, remarquez. Compass est un album de très bon niveau. Ça n'a rien de la blue eyed soul proprette de visages pâles en proie au mimétisme béat. Cet album est bien assez déglingué, étoffé et créatif pour nourrir les plus difficiles, sans pour autant qu'ils puissent conclure à un grand cru.

Extrait: Coma Chameleon

POP

JAMIE LIDELL

COMPASS

WARP

***1/2