Comment demeurer insensible à la musique d'Arvo Pärt, mystique assumé de notre époque?

On peut en déplorer la banalité des structures, résumer ces oeuvres à une série de plats effets orchestraux au service d'un sacré tout aussi suranné. En ce qui me concerne, ce dénuement frappe dans le mille, bien au-delà de son inspiration chrétienne. Les athées les plus convaincus peuvent y trouver un espace de recueillement, cette zone inconnue où chaque mortel finit par investir quelle que soit sa croyance, son allégeance religieuse, sa non-croyance ou son ambivalence face à l'au-delà. Depuis les années 70, ce minimalisme à l'européenne ratisse de vastes territoires où prévalent la contemplation et l'extase spirituelle du compositeur estonien.

Angèle Dubeau et La Pietà en ont parfaitement saisi les enjeux. La musique d'Arvo Pärt est d'abord texturale, on en trouve les qualités premières dans les sédiments, c'est-à-dire beaucoup plus dans l'expression collective que dans la performance individuelle - ce qui n'exclut pas l'efficience technique pour autant. Cette expérience de La Pietà est tout à fait réussie en ce sens. La prise de son et le mix y sont exemplaires, voilà une occasion de plonger... ou de s'élever.

Extrait: Summa

MUSIQUE

Angèle Dubeau

Arvo Pärt/

Portrait

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Analekta