Sir Simon Rattle et l'Orchestre Philharmonique de Berlin abordent à leur tour ce monument du répertoire qu'est l'intégrale des quatre symphonies de Brahms. Le résultat est curieux: généralement très bon dans les trois premières, décevant dans la dernière.

Les trois premières symphonies découvrent un chef et un orchestre au sommet de leur association. Rattle apporte à son discours une belle respiration, il met en valeur la riche structure et le caractère tendre ou animé de chaque mouvement, il respecte toutes les dynamiques et glisse ici et là un léger portamento qui rapproche sa conception de celle des grands chefs du passé.

 

De la première à la troisième des symphonies, l'audition est un plaisir presque sans mélange. Le Philharmonique de Berlin sonne ici avec à la fois puissance et clarté et le dialogue entre vents et cordes, ponctué de timbales, se déroule avec un parfait naturel. Les bois sont brillants, particulièrement la flûte et le hautbois, et la phalange des cordes est massive et imposante.

J'ai quelques réserves. L'entrée des cors au tout début de la deuxième Symphonie n'a pas tout à fait la précision voulue. Vers la fin du troisième mouvement de la troisième Symphonie, un peu avant la rentrée du cor seul (mesure 90, à 3'30 sur l'indicateur), Rattle introduit un ritardando très prononcé qui ne figure pas dans la partition et qui, surtout, n'apporte rien à ce passage.

Brahms a indiqué des reprises au premier mouvement de chacune de ses trois premières symphonies. Curieusement, Rattle omet la reprise dans les deux premières alors qu'il la fait dans la troisième.

Malgré quelques restrictions, l'ensemble des trois premières symphonies s'écoute bien et nous vaut même des moments exaltants. Mais la quatrième symphonie est une inexplicable déception. La prise de son inférieure, voire confuse, laisse entendre que cette ultime étape fut enregistrée un autre jour. Or, ce jour-là, l'inspiration n'y était plus et c'est à une simple lecture que nous assistons. Dommage: cette quatrième symphonie, que couronne une colossale passacaille à 30 variations, est la plus importante du corpus.

Ici encore, EMI inscrit l'énigmatique «Recorded in concert» sur un enregistrement où il n'y a pas le moindre bruit de salle, pas la moindre toux.

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*** 1/2

BRAHMS: LES QUATRE

SYMPHONIES

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE BERLIN. DIR. SIR SIMON RATTLE

EMI, COFF. 3 D., 67 254