Trois CD, deux escales et d'étonnantes notes de pochette (intitulées Still Crazy After All These Years, titre d'un album de Paul Simon comme on le sait), où le pianiste souligne entre autres confidences l'immensité de l'investissement personnel qu'exige une performance improvisée en solo.

Six décennies plus tard, le plus célèbre des pianistes de jazz demeure un musicien fabuleux, doublé d'un caractériel notoire qui a encore peine à se contenir... after all these years - son texte fait d'ailleurs état de son instabilité et de ses problèmes conjugaux qui en sont la probable conséquence.

Étrange paradoxe ? Un soir en solo à la salle Pleyel de Paris (le 26 novembre 2008), un autre au Royal Festival Hall de Londres (le 1er décembre 2008), et voilà de nouveau le ravissement.

Trois CD enregistrés en direct, puissants, profondément inspirés. Tout l'univers pianistique de Keith Jarrett s'y déploie. Romantisme, impressionnisme, modernisme, tonalité, modalité, atonalité, consonances et dissonances émaillent ces enregistrements qui, il faut le dire, s'avèrent moins faciles à avaler pour l'amateur des standards en trio. Les balises deviennent alors les références stylistiques dont Jarrett fait génialement usage.