Quoi de mieux que Mozart pour terminer l’année d’un ensemble de chambre comme I Musici ? Son nouveau chef Jean-François Rivest a discuté avec nous du concert-bénéfice de ce jeudi soir, qui mettra en vedette le pianiste Louis Lortie, partenaire de longue date de l’ensemble.   

« C’est un vieil ami, Louis, je le connais depuis notre enfance à Laval, révèle M. Rivest. Nous avons même habité ensemble pendant un an. Lui et moi sommes toujours restés de très bons amis. »

Mais la présence de Lortie comme soliste ne tient pas qu’à l’amitié avec le chef d’I Musici.

Au milieu des années 1980, l’orchestre, fraîchement fondé par le couple de musiciens soviétiques Yuli et Eleonora Turovsky, invite le petit-fils de Chostakovitch pour enregistrer les concertos pour piano de son grand-père. Or, l’artiste étant retenu à l’aéroport, un certain Louis Lortie, qui se trouve alors dans les parages, se met au piano en attendant. Il est alors dans la mi-vingtaine et se distingue déjà dans de grands concours internationaux.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le pianiste Louis Lortie

Louis a remplacé au pied levé pendant la répétition et les gars de Chandos ont dit : « Voyons, t’es qui, toi ?” Finalement, il a signé un contrat avec eux et son premier disque, c’était deux concertos de Mozart avec I Musici.

Jean-François Rivest

Ce sont ces deux partitions, le Concerto no 12 en la majeur, K. 414, et le Concerto no 14 en mi bémol majeur, K. 449, que le pianiste québécois reprendra ce jeudi soir à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. « Pour le 40e anniversaire d’I Musici, le clin d’œil était ben le fun », avoue Jean-François Rivest.

Aux dires de ce dernier, il s’agit de concertos « moins complexes, moins dramatiques que le do mineur [no 24] et le ré mineur [no 20], moins tendres que le la majeur que tout le monde aime tant [no 23]. Mais ce sont deux très grands concertos quand même ».

Pour le chef, il y a une ressemblance claire entre le style de ces deux œuvres composées respectivement en 1782 et 1784 et les sonates pour violon contemporaines, qu’il a enregistrées pour Analekta.

« C’est un peu le même genre de musique, qui n’est pas celui de la dernière période de Mozart, plus difficile. Le propos lui-même n’est pas basé sur les idées, mais sur la grâce avec laquelle il les développe. Le thème principal peut être complètement niaiseux, il part avec ça et nous fait un développement extraordinaire », explique le professeur à la faculté de musique de l’Université de Montréal.

Le programme

Il n’en est pas autrement pour le Divertimento en fa majeur, K. 138, qui sera joué au début de ce concert qui se terminera par un cocktail sur la scène réservé aux donateurs.

« Oui, les idées sont très peu développées, c’est simple, mais c’est déjà génial sur le plan de la rhétorique, c’est-à-dire de comment les “mots” musicaux sont accrochés les uns aux autres pour créer un discours qui convainc », ajoute le chef.

Le programme, qui demande peu d’apports extérieurs (seulement deux hautbois et deux cors s’ajoutent aux permanents de l’orchestre), est on ne peut plus dans les cordes d’I Musici, en phase avec le souhait de Jean-François Rivest de revenir à un répertoire idoine, ce qui n’est pas pour déplaire aux musiciens. 

« Quand j’ai été engagé, c’est parce que les musiciens m’avaient mis pas mal en haut de leur liste de souhaits. J’étais pas mal fier de ça », confesse le directeur musical, dont certains anciens étudiants (en violon ou en orchestre) se retrouvent dans la formation, notamment Annie Guénette, Dominic Guilbault et Amélie Benoît-Bastien.

« On a une très bonne chimie ensemble, ça a donc été naturel qu’on continue comme ça. I Musici, c’est vraiment pour moi un cadeau de la vie », résume celui qui était confirmé à la tête de l’orchestre quadragénaire il y a quelques mois après une période d’intérim.

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