Avec Damon Albarn à ses côtés, Fatoumata Diawara signe un album aux accents pop et groove, axé sur les collaborations.

Sa musique, c’est le blues, dit-elle. Il ne faut toutefois pas prendre Fatoumata Diawara au pied de la lettre quand elle dit ça. London Ko, son plus récent disque, ne sonne pas comme s’il avait été créé au bord du Mississippi. Il ne s’inscrit pas non plus dans le sillon du blues malien, une autre tradition bien ancrée.

Son blues, c’est d’abord un état d’esprit. « Une manière de transformer ce qui devrait te faire pleurer en sourire », avait-elle expliqué à La Presse, en 2021. Sete, troisième chanson de London Ko, enregistrée avec le Brooklyn Youth Chorus, en est un bon exemple : son fond de tristesse est entre autres allégé par un chœur d’enfants. Sur des chansons comme Nsera (en duo avec Damon Albarn de Blur et Gorrillaz) et Seguen, c’est plutôt le groove qui fait que ses bleus deviennent des couleurs chaudes.

London Ko — pour London/Bamako — est un disque souvent joyeusement funk, plein de claviers et d’accents qui virevoltent. C’est à la fois plus pop, bien moins folk, et encore plus fort en groove que ce à quoi la chanteuse malienne nous a habitués dans le passé. Et cet élan passe notamment par de multiples collaborations.

Outre celle avec Damon Albarn, réalisateur d’une partie du disque, elle chante avec la chanteuse neo-soul Angie Stone, la star nigériane Yemi Alade, le pianiste cubain Roberto Fonseca et le rappeur ghanéen M. anifest. Sa collaboration avec -M-, qui a réalisé son album Fenfo (2018), s’avère la plus faible du lot : il se limite à une narration susurrée trop précieuse, semblable à ce qu’il a fait sur Manitoumani, chanson issue d’une collaboration précédente avec Fatoumata Diawara, Sidiki Diabaté et le grand joueur de kora Toumani Diabaté.

Ce morceau mis à part, London Ko est un disque plein d’enthousiasme et d’arrangements colorés. Les instruments acoustiques (guitares, piano), les électriques (basse rebondissante, guitares électriques) et les claviers y dansent main dans la main. Fatoumata Diawara atteint son objectif : ce disque-là ne peut pas ne pas faire sourire le corps et les oreilles.

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London Ko

POP AFRICAINE

London Ko

Fatoumata Diawara

Montuno Producciones / Wagram

7,5/10