Des portraits de femmes et d’autres bonbons pianistiques par une jeune artiste à suivre.

Élisabeth Pion fait partie des jeunes pianistes qui montent au Québec. À 27 ans, cette ancienne élève d’André Laplante au Conservatoire de Montréal (comme Charles Richard-Hamelin) a déjà fait ses débuts au Wigmore Hall de Londres, ville où elle s’est perfectionnée durant quelques années.

La preuve qu’elle monte est qu’elle se produira en soliste avec deux orchestres montréalais l’an prochain : en ouverture de la saison d’Arion en octobre dans Mozart et Hélène de Montgeroult et avec le Métropolitain en janvier dans un concerto de la Lettonne Lūcija Garūta (1902-1977).

On voit tout de suite que Pion aime sortir des sentiers constamment battus, ce que son premier disque, chez Atma, intitulé Femmes de légende, montre avec acuité.

Le gros morceau du disque est le recueil éponyme – fabriqué de toutes pièces récemment par un éditeur allemand à partir de morceaux épars – de portraits de sept femmes mythiques de la compositrice française Mel Bonis (1858-1937). Les visages de Mélisande, Desdémone, Salomé et d’autres défilent ainsi sous nos yeux dans un idiome impressionniste de bon aloi. Une musique charmante, quoique pas nécessairement bouleversante.

Lili Boulanger occupe aussi une place importante avec son imposant et grave Thème et Variations en do mineur, plus quatre pièces brèves. Une profondeur qui nous fait amèrement regretter sa mort à 24 ans de la tuberculose.

Le reste du disque, plus lâchement lié au monde féminin, découle de la passion avouée de la pianiste pour la musique française, ce qui nous donne d’entendre l’intéressante suite Au gré des ondes, composée par un jeune Dutilleux pour la radio naissante, ainsi que L’isle joyeuse de Debussy.

Deux « accrocs » à la francitude du projet : un arrangement par Thomas Adès de la « Berceuse » de son propre opéra The Exterminating Angel, et un doux morceau aux accents jazz composé par Pion.

La captation, réalisée l’hiver dernier dans le cadre avantageux de la salle de concert du Domaine Forget, met en valeur le jeu subtil de la pianiste, qui montre un véritable amour pour cette musique et un art consommé de l’atmosphère pianistique. Un nom à retenir.

On pourra entendre une bonne partie de ce programme lors d’un récital d’Élisabeth Pion au Festival Classica le 3 juin prochain (21 h) à l’église presbytérienne St. Andrew’s de Saint-Lambert.

Extrait d’Omphale, d’Élisabeth Pion

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Femmes de légende

Musique classique

Femmes de légende

Élisabeth Pion

Atma

8,5/10