Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

« C’est la première fois que je jamme avec des grues, mais ça, c’est Montréal », a lancé Alexandra Stréliski après son mini-concert gratuit donné sur l’heure du midi à la Place des Arts.

C’était une surprise, ou enfin presque, puisque l’annonce avait été faite moins de 24 heures à l’avance.

Si on entendait en effet des travaux en cours dans la rue Jeanne-Mance, le piano de Stréliski a su avoir l’effet apaisant instantané qu’il a à tout coup auprès de quiconque y prête l’oreille.

Il aurait fallu mesurer le taux de cortisol des employés des tours du Complexe Desjardins avant et après les six pièces interprétées par la pianiste pour prouver aux employeurs l’effet bénéfique de la musique sur le stress.

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Une spectatrice attentive aux mouvements de la pianiste

Quand Fabienne Lescadre, en route pour le bureau, a entendu à la radio qu’Alexandra Stréliski allait se produire à midi trente sur l’Esplanade de la Place des Arts, c’était clair qu’elle n’allait pas rater la chance de la voir en chair et en os pour la première fois.

Je l’adore ! Je suis pianiste, moi aussi. Sa musique me parle et elle me fait oublier tous mes soucis. Quand je suis stressée par le travail, j’écoute Alexandra Stréliski.

Fabienne Lescadre

Quelques chanceux étaient aux premières loges – c’est le cas de le dire –, assis sur des cubes rouges à deux mètres à peine de l’artiste représentée en grand par Sony à l’international.

Une marraine et sa filleule s’y sont retrouvées… par hasard. « J’espérais tellement arriver à temps ! », a dit Ginette Chayer, qui avait un rendez-vous chez le coiffeur au centre-ville.

« J’ai encore pleuré », a laissé tomber sa nièce Caroline Gendron.

C’est aussi en plein air, même éclairée aux chandelles au bord du fleuve Saint-Laurent, que cette dernière avait déjà vu Alexandra Stréliski au Festif ! de Baie-Saint-Paul.

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Les gens étaient nombreux, dans les marches de l’Esplanade, à écouter l’artiste au piano.

Si Alexandra Stréliski se produisait au grand air à l’invitation de la Place des Arts, c’était justement pour donner un avant-goût du spectacle extérieur Dans les bois, qu’elle donnera trois fois du 24 au 26 août à Joliette, à l’amphithéâtre Fernand-Lindsay (géré par la Place des Arts).

« C’est un amphithéâtre naturel magnifique, précise Mylaine Albert, directrice des communications de la Place des Arts. Il y a une pente et les gens peuvent apporter un pique-nique. »

« C’est moi qui choisirai le vin et la bouffe, promet même Alexandra Stréliski. L’idée est vraiment d’habiter le lieu. Il y a une forêt tout autour et les gens peuvent venir avec leurs enfants. »

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Alexandra Stréliski, souriante, s’apprête à commencer son « concert surprise ».

10 ans déjà

Dans les bois est le titre d’une pièce du nouvel album d’Alexandra Stréliski, Néo-Romance, sorti le 31 mars dernier, juste avant le coup d’envoi d’une grande tournée qui s’étirera jusqu’en 2024 avec deux spectacles à la salle Wilfrid-Pelletier.

La Place des Arts est un lieu cher à son cœur. Alexandra Stréliski se rappelle encore quand Laurent Saulnier, alors programmateur au Festival de jazz, l’a invitée à se produire en 2013 (il y a 10 ans !) dans la – petite – 5salle.

Ensuite, ce fut Maisonneuve et ce sera Wilfrid-Pelletier. « Veut, veut pas, c’est symbolique », lance Alexandra Stréliski.

Vendredi, elle était de retour à Montréal depuis 24 heures à peine pour son mini-concert surprise. « J’ai un peu perdu la notion du temps. Demain, c’est Ottawa. Après, Los Angeles, New York et je vais revenir », énumère celle qui a une grande capacité à garder les deux pieds sur terre.

« J’aime quand je peux donner de la musique de façon simple et spontanée comme aujourd’hui, a-t-elle tenu à souligner quand nous l’avons rencontrée en coulisses. C’est le rapport le plus normal entre un musicien et le public. »

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Sous les applaudissements, Alexandra Stréliski dit à bientôt à ses admirateurs.

Une expérience à répéter

Est-ce qu’il pourrait y avoir d’autres spectacles gratuits sur l’heure du midi sur l’Esplanade de la Place des Arts ?

« On voulait offrir un moment de douceur aux Montréalais et Montréalaises avant que les grands festivals prennent possession des lieux […] Les gens ont vécu quelque chose et ça donne le goût », répond Mylaine Albert.

Finalement, Alexandra Stréliski aura offert au public Lumières, Dans les bois, The Hills, The Breach et BORDERS.

« Je suis là pour amorcer l’été », a-t-elle dit à la foule avec l’humilité et le naturel qui la caractérisent.

Pour finir, Alexandra Stréliski a bercé la foule avec Plus tôt. Cette chanson écoutée des millions de fois partout dans le monde n’est-elle pas l’équilibre parfait entre la contemplation, la mélancolie et la rêverie ?

Chose certaine, parmi les spectateurs assis sur les marches de la Place des Arts, il y avait des yeux fermés, des larmes à l’œil et des regards fixant le vide avec contentement.

Puis il y a eu une apparition inattendue. Celle de l’humoriste Mathieu Dufour, qui est venu rejoindre Alexandra Stréliski à côté de son piano pour une courte entrevue qui sera diffusée à Sucré Salé.

Il fallait bien revenir à la réalité.