L’auteure-compositrice-interprète Dominique Fils-Aimé et l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), dirigé par Dina Gilbert, ont offert mardi un spectacle où la force et la délicatesse ont pu coexister dans une exceptionnelle harmonie. Compte-rendu d’une soirée divine à la Maison symphonique.

Les voix des choristes s’élèvent d’abord dans l’enceinte de la Maison symphonique. Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal joignent ensuite leurs instruments aux harmonies. Sur la scène apparaît alors Dominique Fils-Aimé, majestueuse à en couper le souffle. Les yeux fermés, la chanteuse s’ancre dans le moment, prend de grandes respirations, s’imprègne de la musique qui l’enveloppe. Du côté du public, le temps se fige, tandis que l’on attend avec impatience que les premiers sons de sa voix résonnent.

Dominique Fils-Aimé se lance dans l’interprétation de Nameless, chanson-titre du premier de sa trilogie d’albums, où elle a puisé pour ce concert. Sa douce intonation s’entrelace aux chœurs et aux cordes de l’orchestre. On sait dès lors que la présence de la chanteuse sur cette scène, entourée de l’OSM, accompagnée des choristes de l’émission Y’a du monde à messe, est une idée de génie.

L’orchestre montréalais joint régulièrement ses forces à celles d’artistes populaires pour des concerts uniques où la musique classique prend des airs pop, accompagne et complète des compositions qui avaient a priori peu de choses d’orchestrales. Cette fois, c’est le jazz, la soul et la pop de Dominique Fils-Aimé qui ont reçu le traitement OSM, grâce aux arrangements du talentueux Blair Thompson. L’orchestre s’est fait un peu plus jazzy, beaucoup plus pop, tandis que les douces pièces de la chanteuse ont tendu sans difficulté vers le classique.

« Je n’aurais pas pu rêver de ce moment dans mes plus grands rêves, a lancé Dominique Fils-Aimé lorsqu’elle s’est adressée à son public pour la première fois de la soirée, douce, avenante et rigolote. Je ne suis pas sûre que c’est vrai, mais je vais le faire ! »

Lorsque la foule l’applaudit, elle s’entoure de ses propres bras, reçoit les acclamations comme une étreinte, visiblement émue.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Dominique Fils-Aimé et l’OSM à la Maison symphonique de Montréal

C’est un grand moment, bien évidemment, pour l’artiste finaliste pour le Prix Polaris en 2019, lauréate de prix Félix et Juno. Ses trois albums, une trilogie, sont de superbes œuvres qui se répondent et existent l’une pour l’autre. Dans ce spectacle, explique-t-elle au micro, il n’y aura pas beaucoup de place pour les applaudissements, car on nous présentera la trilogie comme elle a été imaginée, organiquement, les chansons reliées les unes aux autres. Elle les présente dans l’ordre dans lequel elle les a sortis, un album après l’autre.

Nameless, donc, amorce ce spectacle d’environ une heure et demie. Déjà sur sa version sur disque, la pièce accueille des cordes, comme plusieurs autres morceaux signés Dominique Fils-Aimé. Cette fois, on ajoute encore plus de relief avec les autres instruments, comme ce sera fait tout au long du spectacle. Les cuivres et les cordes, les percussions et les vents se sont chaque fois superbement mariés à la voix de Dominique Fils-Aimé.

Seul bémol : parce qu’elle n’a pas une voix qui porte énormément, il est arrivé qu’elle soit engloutie par les instruments, qui prenaient alors un peu trop le premier plan. L’équilibre est délicat.

Mais un travail exceptionnel a clairement été abattu pour maintenir une jolie balance entre la mise en valeur de la magnifique voix de Dominique Fils-Aimé et celle de la richesse instrumentale qu’apporte l’orchestre.

D’autres artistes, qui ne sont pas sur scène, mais plutôt perchés sur un balcon adjacent, ont travaillé très fort : les choristes de Y’a du monde à messe sont un ajout essentiel à cette performance. Les harmonies sur les chansons de Dominique Fils-Aimé, sur disque déjà, sont un élément fondamental. En plus d’accompagner et de rehausser la performance vocale de la chanteuse, les chœurs ont permis pendant le concert, comme un instrument de plus ajouté à l’orchestre, de remodeler les morceaux pour plus d’impact. Sarah Bourdon, Kim Richardson, Ariane Brunet, Karine Pion, Coral Egan, Heidi Jutras, Elie Haroun, Franck Julien, JP Loignon et Dorian Sherwood sont de tous les instants, indispensables.

Dominique Fils-Aimé, en plus de s’accompagner d’un chœur, a eu la brillante idée d’inviter Élisapie pour ce spectacle. En début de concert, cette dernière se présente sur scène pour interpréter deux pièces à elle, Wolves et Arnaq. Dominique Fils-Aimé se met alors tout simplement à l’écart, laissant sa talentueuse amie briller, bouleversante de douceur.

En milieu de spectacle, la danseuse et chorégraphe Axelle Munezero se joint à la performance. Ses mouvements de danse, que l’on n’a pas du tout l’habitude de voir sur la scène de la Maison symphonique, font écho à la musique et aux paroles. Si sa présence a de quoi surprendre certains, elle est aussi tout à fait pertinente, originale et, surtout, poignante.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Dominique Fils-Aimé et l’OSM à la Maison symphonique de Montréal

Les différentes pièces des albums Nameless, Stay Tuned ! et Three Little Words sont à la fois liées et variées, laissant place à des moments de grande douceur, d’autres plus rythmés (While We Wait, Mind Made Up, par exemple), certains où la voix de la chanteuse domine, d’autres où l’orchestre est le seul à nous enchanter. Toujours, dans l’enceinte de la salle de concert, la puissance et la délicatesse coexistent, alternent ou se marient. C’est ici la touche Dominique Fils-Aimé, que l’on découvre comme jamais auparavant.

Pour conclure, après un rappel à la hauteur du spectacle que l’on vient de voir, l’artiste nous propose une « dernière surprise ». En première mondiale, version orchestrale, elle livre la pièce-titre de son album à venir, celui qui fera suite à la fameuse trilogie qui l’a lancée. Avec Our Roots Run Deep, la chanteuse, l’OSM et les choristes nous envoûtent une dernière fois, laissant planer un fabuleux présage pour ce qui reste à venir pour Dominique Fils-Aimé.

Dominique Fils-Aimé et l’OSM seront de nouveau en prestation à la Maison Symphonique ce mercredi soir.

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