boygenius, c’est la simple envie d’unir des amitiés dans la musique. Après un EP en 2018, le supergroupe sort the record, l’un des albums les plus attendus de 2023.

Pourquoi un homme peut-il se sentir si confiant alors qu’une femme est freinée par ses insécurités ? C’est en étant exaspérées par cette disparité si fréquente dans l’industrie de la musique que Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus ont appelé leur supergroupe boygenius. Et vous savez quoi ? Ensemble, elles sont plus fortes que tout.

Le trio féminin sort donc un premier album complet, mais on peut dire que boygenius suscite un culte depuis quelques années déjà, du moins auprès de son public fervent.

En convenant en 2018 de sortir un maxi, avec un clin d’œil à une pochette de Crosby, Stills & Nash, le geste allait bien entendu au-delà de la simple ironie. Il y avait une frustration féministe, et un désir de créer de la musique pour mieux se comprendre, ce qui a parlé à beaucoup de mélomanes.

Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus sortent leur premier grand album dans un tout autre contexte. Chacune a gagné en popularité, même que Phoebe Bridgers a été nommée au gala des Grammy (en plus de collaborer avec Taylor Swift et Paul McCartney), si bien qu’elle et ses comparses ont fait en janvier dernier la une du magazine Rolling Stone avec un clin d’œil cette fois-ci à une photo de Nirvana.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, elles ont sorti un moyen-métrage dont la réalisation est signée Kristen Stewart. C’est aussi avec une femme qu’elles ont coréalisé the record, soit Catherine Marks (connue pour son travail avec PJ Harvey).

Autant la composition des textes est solide, autant une vulnérabilité émouvante d’assurance émane des chansons. Dans Satanist, du pur délice grunge-pop nineties, Julien Baker relate sa hargne d’avoir grandi dans un environnement religieux qui étouffait son homosexualité. Will you be an anarchist with me ? /Sleep in cars and kill the bourgeoisie, chante-t-elle.

When you don’t know who you are/You fuck around and find out, lance pour sa part Lucy Dacus sur True Blue.

Les harmonies vocales et les ritournelles de Cool About It ramènent Simon & Garfunkel au goût du jour, alors que la mélodie de Not Strong Enough est de celles qui vous passent dessus comme un train.

Chacune des trois autrices-compositrices-interprètes prend le micro avec sa touche magnifiée par ses pairs. Des pièces plus rageuses (Anti-Curse) côtoient des ballades épurées dominées par les voix (Letter to An Old Poet).

Lucy Dacus cite Leonard Cohen, alors que Phoebe Bridgers fait explicitement référence à Montréal sur Emily I’m Sorry, l’un des trois extraits dévoilés au début de l’année qui relate le sentiment de se perdre dans une relation amoureuse.

S’il y a une chose que les membres de boygenius veulent faire valoir, c’est ne pas renier notre nature profonde. Et de chérir nos amitiés.

Ensemble, c’est tout.

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the record

Indie rock

the record

boygenius

Universal

8/10