L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et son chef Rafael Payare ont joué l’iconique Symphonie no 5 en do dièse mineur de Mahler pas moins de trois fois cette semaine, à Washington, New York et Montréal. L’odyssée a néanmoins été pavée par une fréquentation assidue de l’œuvre, notamment dans le cadre de l’enregistrement sorti ces derniers jours chez Pentatone. Une proposition nourrie qui inaugure bien le mariage OSM-Payare au disque.

Enregistrée à la Maison symphonique en août dernier devant un public invité par l’orchestre, la symphonie avait été rodée le mois précédent au Festival de Lanaudière et lors d’une tournée en Corée du Sud. Les micros de Pentatone, posés par une équipe européo-québécoise (on remarque Carl Talbot, d’Analekta, à la coproduction), ont très bien capté l’atmosphère sonore de la salle, profonde sans trop de réverbération, avec des graves enveloppants.

Musicalement, le Mahler de Rafael Payare nous semble sensiblement plus mûr que ce qu’il avait offert à l’amphithéâtre Fernand-Lindsay. Un effet de la tournée coréenne ?

Côté minutage, cette Cinquième reste assez brève, sauf si on compare – parmi les grandes versions sur disque – aux témoignages de Neumann (Leipzig), de Solti et de l’inclassable Scherchen.

Mais malgré des tempos en général plutôt allants, le chef laisse davantage se déployer le matériau musical, en particulier dans le premier mouvement, dont on peinait à percevoir l’affliction à Lanaudière (Mahler écrit Trauermarsch, marche funèbre). Le Scherzo (nicht eilen, ne pas presser) nous semble également respirer davantage, plus détaillé.

On reste cependant un peu sur notre faim (comme l’été passé) pour l’Adagietto. Sans tomber dans une langueur viscontienne, on pourrait être encore un peu plus « hors du temps ». Ce n’est pas tant une question de tempo, mais plutôt de manière de remplir l’espace sonore, une question de souplesse donc.

L’OSM brille de mille feux dans ce disque, et ce, dès l’entrée impérieuse du trompettiste Paul Merkelo du tout début.

Une belle carte de visite pour l’orchestre et son chef !

Symphonie no 5 de Gustav Mahler

Musique classique

Symphonie n5 de Gustav Mahler

Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare

Pentatone

8/10