« J’ai enfin pu faire venir l’accordeur, parce que j’avais trois cordes de piano cassées, et puis ce matin j’en ai cassé deux autres ! », lance d’emblée le pianiste David Jalbert au téléphone. Bienvenue chez Prokofiev, dont le pianiste d’Ottawa jouera le célèbre Concerto no 3 vendredi avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain.

« C’est mon concerto préféré depuis toujours ! Lorsque je l’ai entendu pour la première fois, j’avais 11 ou 12 ans et je suis vraiment tombé en amour avec. La musique de Prokofiev m’a motivé, enfant, à devenir pianiste, comme d’autres gens plus normaux sont motivés par Chopin et Beethoven », raconte en riant le musicien originaire de Rimouski.

David Jalbert a commencé à apprendre le Concerto no 3 en do majeur, opus 26, de Prokofiev à l’adolescence sous la supervision de sœur Pauline Charron, une religieuse de sa ville natale qui a formé deux ou trois générations de pianistes et organistes de l’est du Québec.

Puis se sont ouvertes les portes des grandes écoles, jusqu’à la prestigieuse Juilliard School de New York, où il a étudié avec un élève de William Kapell, qui a lui-même enregistré une des versions de référence du concerto.

Le pianiste, qui enseigne à l’Université d’Ottawa depuis 2008, est cependant loin d’être un monomaniaque. Il a notamment enregistré les Variations Goldberg de Bach et les Sept dernières paroles du Christ de Haydn. Son intégrale des Nocturnes de Fauré a remporté la Tribune des critiques de disques de France Musique devant des spécialistes comme Jean-Philippe Collard. Son dernier disque, sorti pendant la pandémie chez ATMA, est néanmoins consacré à Prokofiev, premier jalon d’une intégrale des neuf sonates du compositeur ukrainien.

Un concerto « quand même raide »

S’il n’a pas joué le Concerto no 3 en public depuis 12 ans, David Jalbert a néanmoins donné les deux premiers entre-temps. Il se désole que « malheureusement les artistes ne s’intéressent pas souvent » aux deux autres.

« Le Deuxième est clairement le plus difficile. En fait, c’est peut-être le concerto le plus difficile du répertoire en entier. C’est vraiment une saloperie, mais une magnifique saloperie ! Le Troisième est très difficile, mais pas autant que le Deuxième. On peut quand même avoir du plaisir à le jouer. Le Premier est gauche à mort, mais il est plus court. Il dure 16 minutes au lieu d’une trentaine pour les deux autres », résume le pianiste.

« Le Troisième commence quand même raide, concède-t-il. Ce n’est pas un concerto qui nous permet de nous installer tranquillement, il y a très peu de passages relax. Les codas des deuxième et troisième mouvements sont très difficiles. C’est vraiment du gros piano ! »

Musicalement, le défi consiste selon lui à bien rendre l’aspect « un peu révolution industrielle de sa musique », mais aussi son « côté mozartien », « néo-classique ». Car Prokofiev ne se résume pas à malmener les cordes du piano.

Le concerto est si excitant à jouer qu’il faut se battre pour transmettre toute cette énergie, sans perdre la tête. C’est un défi qu’on a en musique classique de ne pas se laisser trop emporter par l’émotion, de garder toute sa tête.

David Jalbert, pianiste

Créée à Chicago en 1921 avec le compositeur au piano, l’œuvre a rapidement gagné les faveurs des plus grands pianistes. Jalbert l’a apprise avec la mythique version de Martha Argerich et Claudio Abbado dans l’oreille.

« Je n’écoute qu’elle. Si on ne gardait qu’une seule pièce d’Argerich pour la postérité ou pour envoyer à des extraterrestres, ce serait son Troisième Concerto de Prokofiev », lance le pianiste en riant.

Vendredi, c’est Yannick Nézet-Séguin, qu’on n’a pas entendu à Montréal depuis décembre, qui sera sur le podium. En plus du concerto, il dirigera la Ballade pour orchestre de Coleridge-Taylor et la Symphonie no 5 de Sibelius. « Je suis très content de retravailler avec lui, c’est le meilleur chef au monde pour moi ! », conclut Jalbert.

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Un Russe rend hommage à l’Ukraine au Bon-Pasteur

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Boris Berman

La chapelle historique du Bon-Pasteur, qui présente habituellement surtout des artistes d’ici, a fait un grand coup en conviant Boris Berman, un des grands représentants de l’école russe de piano. Ce sera l’occasion d’entendre un ensemble consistant de pièces du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov, en plus de trois séries de variations de Brahms.

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Philip Glass, façon Pietà

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Angèle Dubeau

Philip Glass a toujours eu des affinités naturelles avec l’écriture pour cordes, un répertoire qui va également de soi pour l’ensemble La Pietà d’Angèle Dubeau. L’orchestre féminin, dans sa série de concerts portraits, consacre jeudi une soirée entière au compositeur américain. La salle Bourgie résonnera au son d’extraits de ses quatuors et symphonies, mais aussi de musiques de film comme The Hours ou The Secret Agent.

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Et la lumière fut !

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Magali Simard-Galdès

La 11e édition du Festival Montréal/Nouvelles Musiques, qui se tient jusqu’au 5 mars sous le thème « Musique et spiritualité », se conclura dimanche à 15 h, à la salle Pierre-Mercure, avec un programme qui sort de l’ordinaire. L’Orchestre classique de Montréal et le chef Alain Trudel accompagneront l’excellente soprano Magali Simard-Galdès dans les Illuminations de Britten, en plus de jouer une œuvre du même nom pour cordes seules du Montréalais Brian Cherney. Autre gros morceau : les Variations sur un thème de Frank Bridge, que Britten a écrites en l’honneur de son maître.

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Vivier, plus en vie que jamais

PHOTO ALAIN BEAUCHESNE, FOURNIE PAR LE NOUVEL ENSEMBLE MODERNE

Le Nouvel Ensemble Moderne

On ne célébrera jamais assez l’œuvre de Claude Vivier, probablement le plus original des compositeurs québécois. Le bien nommé organisme Le Vivier organise 10 jours de conférences et de concerts pour souligner le 75e anniversaire de sa naissance. On notera spécialement le concert d’ouverture du 7 mars, à 19 h 30, soit 40 ans jour pour jour après la disparition tragique de l’artiste montréalais à Paris. Donné par le Nouvel Ensemble Moderne, la cheffe Lorraine Vaillancourt et la soprano belge Katrien Baerts, le programme mettra évidemment à l’honneur la musique de Vivier, en plus d’un Tombeau de Vivier du Serbe Marko Nikodijevic.

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PHOTO TIM GREENWAY, FOURNIE PAR L’ARTISTE

James Kennerley

Prochaine station : Maison symphonique

Certains spectateurs de la dernière Virée symphonique ont pu visionner le court métrage Malec forgeron de Buster Keaton à la Maison symphonique avec l’accompagnement improvisé de l’organiste en résidence Jean-Willy Kunz. Le 23 mars, à 19 h 30, c’est l’opus magnum de l’homme au canotier, Le mécano de la Générale, qui sera présenté sur grand écran, pendant que l’organiste américano-britannique James Kennerley chauffera la fournaise des grandes orgues Casavant.

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