(Los Angeles) La 65soirée des prix Grammy, tenue dimanche, s’est soldée par le couronnement de Beyoncé, devenue l’artiste la plus récompensée de l’histoire de la grande cérémonie de la musique. Harry Styles, Bad Bunny et Lizzo se sont également démarqués lors de cette soirée ponctuée de numéros éclatants et de quelques grosses surprises.

La consécration de Beyoncé

Beyoncé était l’artiste en lice pour le plus de prix cette année, avec neuf nominations. Elle est aussi l’artiste la plus nommée de tous les temps (ex æquo avec son mari, Jay Z, avec 88 nominations). Au terme de la soirée, elle est devenue l’artiste ayant remporté le plus de récompenses de l’histoire des prix Grammy, marquant ainsi l’histoire de la musique. L’artiste aux 32 gramophones n’était pas encore présente à la cérémonie lorsqu’elle a égalé le record de Georg Solti (31) en remportant le prix Grammy de la meilleure chanson R & B (pour Cuff It). Elle est montée sur scène un peu plus tard pour recevoir le trophée du meilleur album de musique dance/électronique, celui qui lui a permis de battre le record historique. Reçue par une longue ovation, celle qui était déjà la femme la plus récompensée des prix Grammy était émue aux larmes lorsqu’elle a remercié notamment son mari, ses trois enfants et la communauté queer « pour son amour et pour l’invention de ce genre ». Notons toutefois que le prix du meilleur album lui a échappé (encore une fois), causant (encore une fois) la surprise.

Plus de Harry Styles et moins d’Adele que prévu

PHOTO FREDERIC J. BROWN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Harry Styles et ses trophées

Adele était la plus redoutable adversaire de Beyoncé. En 2017, au moment de recevoir son prix Grammy pour l’album de l’année, elle avait alors dit tout haut ce que certains pensaient tout bas : selon elle, c’est Beyoncé et l’album Lemonade qui auraient dû obtenir cette récompense. Les deux chanteuses s’affrontaient de nouveau dans cette catégorie (entre autres), mais aucune des deux ne l’a emporté. Le plus prestigieux prix de la soirée a plutôt été remis à Harry Styles (qui a également reçu le prix du meilleur album vocal pop, pour Harry’s House). « On n’est jamais en studio en train de faire des chansons pour avoir l’un de ces trophées, a dit le chanteur sur scène, presque trop touché pour parler. Ça n’arrive pas très souvent aux gens comme moi. » Quant à Adele, citée à sept reprises, elle n’en a finalement remporté qu’un seul pour l’album 30. Une grande surprise. Elle a reçu le gramophone pour la meilleure performance solo, grâce à sa pièce Easy On Me… et c’est tout.

Les surprises de la soirée

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Adele à la 65soirée des Grammy

L’industrie, la critique et le public sont souvent étonnés par les décisions de la Recording Academy. La mince récolte d’Adele n’a pas été la seule incongruité de la cérémonie de dimanche. L’auteure-compositrice-interprète Bonnie Raitt n’a elle-même pas semblé y croire lorsqu’elle a reçu le prix de la chanson de l’année, pour Just Like That, qui se frottait aux morceaux de Beyoncé, Taylor Swift, Harry Styles, Lizzo et Kendrick Lamar, notamment. La jeune chanteuse de jazz Samara Joy a remporté le trophée de l’artiste émergente de l’année, un autre choix étonnant (qui n’enlève rien à son mérite). Kendrick Lamar était nommé huit fois, lui qui a fait paraître en 2022 son magnifique album Mr. Morale and the Big Steppers. Il a reçu deux trophées durant la première cérémonie (meilleure chanson rap et meilleure performance rap, pour The Heart Part 5) et a ajouté ensuite à sa récolte celui du meilleur album rap. Souvent cité, Lamar ne s’est jamais vu attribuer de trophée dans les grandes catégories, bien qu’il ait une dizaine de prix à son nom dans les catégories rap. La tendance se maintient malheureusement.

Les sommités de l’industrie sur scène

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Célébration du hip-hop aux 65prix Grammy

Harry Styles figurait parmi les artistes les plus nommés cette année (six citations), mais également parmi ceux que l’on avait hâte de voir sur scène pour un numéro – il a (bien sûr) interprété la populaire As It Was. Les légendes Stevie Wonder et Smokey Robinson (pour un hommage à la musique Motown), la superbe Brandi Carlile et le saisissant Luke Combs ont également offert des moments de musique. Plus tôt, le Portoricain Bad Bunny a amorcé la soirée avec une performance à l’image de ses réalisations : premier artiste à être nommé pour l’album de l’année pour une œuvre intégralement en espagnol, il a ainsi lancé la cérémonie dans une célébration de la musique caribéenne. Alors que l’année 2023 marque le 50anniversaire du hip-hop, un impressionnant numéro dédié au genre a permis à des légendes et à leurs successeurs de monter sur scène : Queen Latifah, Busta Rhymes, LL Cool J, DDre, Rakim, Salt-N-Pepa, Lil Baby, Lil Uzi Vert et Missy Elliot ont notamment participé au medley. La soirée s’est terminée avec l’un des excellents numéros de la cérémonie, signé Jay Z, DJ Khaled et John Legend.

Les autres gagnants et les messages importants

De nouveau animée par Trevor Noah, cette fois avec tout le gratin de la musique réuni à Los Angeles (ce que la pandémie n’avait pas permis ces dernières années), la soirée a été très divertissante (bien qu’incroyablement longue). Parmi les victoires importantes à noter : Sam Smith et Kim Petras, pour la chanson Unholy, faisant de Petras la première femme trans à emporter ce prix. Juste avant de récolter son trophée, Lizzo a superbement interprété un medley de ses pièces About Damn Time et Special, dans une mise en scène grandiose où le gospel a été mis au premier plan et où les diversités de corps et de genre ont été célébrées. Le gramophone pour le meilleur album country a été décerné (à distance) à Willie Nelson. Finalement, Bad Bunny a, sans surprise, ravi de nouveau le prix du meilleur album de música urbana. « J’ai fait cet album avec amour et passion et quand tu fais les choses avec amour et passion, les choses sont plus simples », a-t-il dit, avant de continuer ses remerciements en espagnol.