Cinq ans après l’excellent Nos idéaux, Dumas est de retour avec Cosmologie, nouvel album dans lequel il ralentit légèrement le tempo et parcourt sa ligne du temps en réfléchissant au sens de la vie.

« Dans Nos idéaux, je regardais beaucoup en arrière. Celui-là est dans le présent. C’est moi maintenant, à 43 ans. »

Fébrile et volubile à quelques jours du lancement de son 12e album en un peu plus de 20 ans de carrière, Steve Dumas nous reçoit dans son beau studio du quartier Centre-Sud à Montréal. C’est là qu’il a composé et écrit depuis la fin de 2019, accumulant beaucoup de matériel dans un dossier de travail intitulé Cosmologie, un mot vu dans un livre d’Hubert Reeves et qu’il « trouvait beau », sans savoir ce qu’il adviendrait de tout ça.

« Bien humblement, j’avais beaucoup de stock. Est-ce que le reste sortira un jour ? Je ne sais pas, mais ça existe. Dans le livre de Nick Cave sur la création, il dit que souvent, ce qui est important, c’est ce qui est autour de l’œuvre. »

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Pendant un moment, Dumas a d’ailleurs pensé faire un album ensoleillé, « très L. A. ». Ce que n’est pas du tout Cosmologie, un voyage de 35 minutes low-fi et mélancolique, concentré en 7 chansons et 3 pièces instrumentales.

C’est l’incontournable réalisateur Philippe Brault, avec qui il joggait régulièrement en jasant musique, qui l’a aidé à démêler l’écheveau et à suivre la voie qu’il avait déjà commencé à suivre.

Je trouvais ça intéressant, que ça devienne un album qui parle de l’existence au sens large.

Dumas

Cosmologie s’intéresse au court laps de temps qu’on passe sur Terre, et de la manière dont on peut l’utiliser et faire basculer son destin. Dumas s’est inspiré de sa propre cosmologie, de son arrivée à Montréal ou de l’amour au long cours, mais il lui donne avec son coauteur Jonathan Harnois une portée universelle en rappelant que « tout passe comme un éclair ».

« Que ferons-nous de ce moment diamantaire ? », demande-t-il dans Tout passera. « Cette phrase, c’est pas mal le résumé de l’album », dit l’auteur-compositeur-interprète, qui chante aussi plus loin : « De nos vies, nous sommes les apprentis ».

« Le titre de cette chanson est Apprenti, mais il a longtemps été Cosmologie. Ça dit qu’on peut changer notre vie, qu’on apprend tout le temps. C’est vraiment moi. »

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Se serait-il transformé en coach de vie ?

« Non, vraiment pas ! », s’exclame le musicien qui, à travers ce constat lucide « que ça passe vite et qu’il faut en profiter », a tenu à rester positif.

« Dans cette réflexion sur la ligne du temps, j’ai voulu laisser passer de la lumière. Comme dans Tout passera et Leitmotiv, il y a un peu d’urgence et d’écoanxiété, mais si on se met tous ensemble, si nos cœurs battent en synchro, on va avancer. »

Apaisé

Savourer le moment présent : c’est un peu la leçon de l’album, et c’est ce qu’il a fait pendant sa tournée souvenir de son album culte Le cour des jours, qui a été un franc succès, et qui l’a aidé à être moins dans les attentes et à sortir de sa tête.

« C’est un cadeau de la vie, j’ai tellement reçu d’amour ! Je passais deux heures à être dans le plaisir et à me nourrir du public. Ça m’a donné l’occasion d’une prise 2, parce que je n’en avais pas assez profité à 20 ans. Alors je me suis dit : arrête de te poser des questions, sois toi, et fonce. Ça m’a donné du swing pour l’album. »

Ainsi, plutôt que de traverser une crise, Dumas a la quarantaine apaisée. Et il entend en profiter.

Quand j’écoute mes anciens disques, on dirait que j’entends mon stress. J’ai passé une étape, je me sens plus léger, plus libre. Et j’ai un bon feeling pour ce qui s’en vient. C’est ésotérique, mais je sens ça, je sens de quoi de cool. Je pense que j’ai trouvé une trail.

Dumas

Sur Cosmologie, le musicien joue de pratiquement tous les instruments, avec quelques ajouts de Jocelyn Tellier et plusieurs de Philippe Brault. C’est que pour fabriquer l’album, le réalisateur a décidé de garder ce que Dumas avait déjà enregistré seul en studio, en faisant du ménage dans les bandes au fil de rencontres quasi informelles. « Phil m’a dit qu’il n’avait pas eu l’impression de faire un album. » Et lui ? « Avec lui j’ai eu beaucoup de plaisir. Mais je te mentirais si je te disais que le reste du temps je n’ai pas pensé à ça ! »

Le résultat est moins « produit » que ses précédents albums, et sonne parfois « comme une cassette avec de vieux beatbox ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Dumas dans son studio

« Je n’ai pas d’ego à jouer tous les instruments, sinon je l’aurais fait avant. Mais c’est exactement le son qu’on voulait et c’est assumé. Je pense qu’à long terme, ce sont ces choix-là qui restent dans une discographie. »

Le présent, l’avenir

Plus intime, plus électro, moins trépidant, Cosmologie est un album qui va au rythme du joggeur. « Oui, on peut dire ça, c’est le bon tempo. Et des fois je grimpe même dans la montagne ! »

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Le chanteur est conscient que ses fans ont vieilli avec lui et il leur fait des clins d’œil en s’autocitant dans Le hasard : « J’aime croire que le temps se fixe au hasard / Au hasard tôt ou tard ». « C’est précieux, ça. »

S’il ne peut pas prévoir si ses adeptes le suivront encore, il sait qu’il a fait exactement l’album qu’il avait envie de faire jouer sur sa table tournante.

Mais Dumas a beau être davantage dans le présent, il reste une tête chercheuse. D’ailleurs, celui pour qui l’expression bête de scène a été inventée et qui a toujours vu le spectacle comme la « continuité de la création » est déjà en train de préparer celui à venir, qu’il présentera à la Cinquième Salle dès le mois de mai, mais qui prendra son envol à l’automne.

« Je ne veux pas refaire un solo comme Nos idéaux, et je ne veux pas retomber dans l’énergie rock du Cours des jours. C’est flou encore, mais je vais essayer d’inventer quelque chose, OK ? »

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