« On mange des céréales, on apprend à nager, on apprend à chanter. » Voilà comment la pianiste et cheffe de chœur Marianne Patenaude résume la transmission de la musique dans sa famille.

Le 13 novembre dernier, Marianne perdait son père, Gilbert Patenaude, le chef de chœur qui a été l’âme des Petits Chanteurs du Mont-Royal pendant près de 40 ans. Des générations de garçons doivent beaucoup à cet homme exigeant, mais toujours juste : les musiciens Émile Proulx-Cloutier et Antoine Gratton, entre autres, l’ont déjà dit publiquement.

Exactement un mois après sa mort, l’Orchestre classique de Montréal présentera ce mardi un Messie de Handel à la mémoire de monsieur Patenaude.

Sa famille tissée serrée met beaucoup de cœur… et de chœurs dans ce concert.

« Très jeunes, on a compris que la meilleure façon d’être avec notre père, qui travaillait beaucoup, c’était de faire partie de ses chœurs », dit Marianne Patenaude. « Pour être avec lui, on a naturellement choisi de faire de la musique. Je sais que les trois autres pensent la même chose », ajoute-t-elle en évoquant ses frères et sa sœur.

Difficile d’en douter : Laurent, l’aîné, est à la direction des Violons du Roy, Julien Patenaude fait carrière comme chanteur, entre autres avec l’ensemble Quartom. La plus jeune, Rachel, enseigne la théorie musicale à Vincent-d’Indy et s’occupe aussi de l’édition des œuvres de leur père, qui a composé jusqu’à la toute fin, même affaibli par un cancer très avancé.

Marianne, sa voisine immédiate, proche aidante depuis plus d’un an, raconte : « Il était vivant le samedi, puis mort le dimanche : il n’y a pas eu d’entre-deux. Jusqu’à la fin, il parlait de musique, il travaillait à son opéra inspiré du Survenant – ma fille l’a souvent entendu composer au piano, à travers le mur de sa chambre –, puis on l’aidait à monter les marches pour qu’il puisse dormir avec notre mère. »

Le Messie du 13 décembre devient la suite naturelle de l’histoire musicale familiale. Julien Patenaude chantera avec ses troupes : il a récemment pris la relève de son père comme chef des Chantres musiciens, un chœur d’hommes incluant plusieurs anciens des Petits Chanteurs. Rachel chantera avec Les filles de l’île, un autre chœur fondé par Gilbert Patenaude. Quant à Marianne, elle accompagne toutes les répétitions au piano. « Boris Brott et mon père avaient pensé ce Messie ensemble ; un an plus tard, ils ont disparu tous les deux », constate Marianne avec tristesse.

Je lui demande ce qu’elle retient de plus important de son père. « Son œuvre humaine et musicale, c’est l’amour. Mais l’amour infini. Il ne nous disait pas qu’il nous aimait, mais tout le montrait : il rendait tout possible pour nous. »

Le Messie de l’OCM, sous la direction de Simon Rivard, le 13 décembre.

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La playlist du temps des Fêtes des chefs de chœur

À temps pour les Fêtes, des chefs nous offrent leur coup de « chœur » !

Louis Lavigueur, chef de l’Orchestre symphonique des jeunes de Montréal (OSJM) et du Chœur classique de Montréal

« Je propose l’Oratorio de Noël de J. S. Bach, avec son mouvement d’ouverture Jauchzet, frohlocket, portail d’entrée de cette magnifique œuvre formée de six cantates. J’ai choisi la version d’Helmuth Rilling, pour qui j’ai une immense admiration et avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. Un chef compétent et humble (les deux ne vont pas souvent ensemble dans ce métier), dont la formation de pasteur ajoute un éclairage et une profondeur tout à fait uniques. »

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Louis Lavigueur dirigera un concert de Noël, le 17 décembre à 16 h, à l’église de Saint-Donat, avec l’OSJM et Quartom.

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Le 24 décembre, à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal, il dirigera le Chœur polyphonique de Montréal dans deux messes et un concert.

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Roseline Blain, directrice du chœur du Plateau, du Chœur du Musée d’art de Joliette et du Festival de chant choral de Montréal :

« La harpe est associée aux sonorités féériques et célestes, et donc à la fête de Noël. Britten l’a bien compris et utilise cet instrument de façon admirable dans les Christmas Carols. La harpe ne fait pas que soutenir, elle met en valeur les voix en plus de créer une atmosphère. Le mouvement qui m’emballe le plus à diriger est sans doute This Little Babe, où les voix se poursuivent les unes les autres dans une écriture canonique splendide, mais furieuse. »

Roseline dirigera l’Ensemble Gaïa dans cette œuvre de Britten, le 18 décembre à l’église St. George, avec le harpiste Antoine Malette-Chénier.

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Le même jour, Marianne Patenaude dirigera la même œuvre avec son chœur Les voix d’elles, à Vincent-D’Indy.

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Xavier Brossard-Ménard, directeur artistique de l’ensemble Les Rugissants, président désigné de Canada Choral 

« Je suis un peu comme le Grinch des chefs de chœur : je m’arrange pour être parti pendant le mois de décembre et pour laisser le travail à mes collègues ! Mais j’aime particulièrement Lauda per la natività del Signore de Respighi. C’est une œuvre fascinante qui rappelle la naissance réellement campagnarde de bébé Jésus. Les sonorités des vents, la chaleur et la sincérité des chœurs, les harmonies chatoyantes nous donnent envie de vider le calendrier de l’avent avec une (deux ?) bouteille de prosecco. »

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Andrew MacAnerney, directeur artistique du SMAM (Studio de musique ancienne de Montréal) 

« Ma première exposition à la musique de Noël a été comme garçon choriste : j’associe donc la saison avec les chants traditionnels et les fanfares. Je vous propose O Come All Ye Faithful avec l’harmonisation de David Willcocks, qui a eu un impact énorme sur les traditions de Noël en Angleterre. Arrangeur et compositeur exceptionnellement talentueux, il a été directeur du King’s College Cambridge Choir. »

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Andrew MacAnerney dirigera cette œuvre et d’autres arrangements de David Willcocks, avec le Cathedral Brass et les chœurs de la Christ Church Cathedral d’Ottawa, lors de la messe du 24 décembre.

Et finalement, le chœur préféré de Marianne Patenaude, dans la première partie du Messie de Handel :

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