Depuis la parution de son premier album solo Outside Child il y a un an et demi, la Québécoise Allison Russell a été nommée trois fois aux prix Grammy, s’est vu décerner le prix du meilleur album de l’année aux Americana Honors and Awards et a chanté aux côtés de Joni Mitchell, entre autres moments marquants. Russell est de retour dans son Montréal natal pour la première fois depuis la sortie de l’album. La tête d’affiche de Pop Montréal, qui devait reposer sa voix pour protéger ses cordes vocales, nous a accordé une entrevue par courriel.

Q. La dernière année et demie a été incroyable pour vous. Comment allez-vous ?

R. Je vais bien. Je me remets d’une hémorragie des cordes vocales et j’espère revenir plus forte ! L’année dernière a été un intense tourbillon, aussi surréaliste que très heureux. Honnêtement, je n’ai pas encore eu le temps de vraiment réaliser ce qui m’est arrivé…

Q. Comment votre vie a-t-elle changé depuis la sortie de l’album ?

R. En raison de la reconnaissance qu’a obtenu Outside Child, je reçois plus d’offres de travail qu’une seule personne peut en accomplir. Je dois apprendre à dire non à des propositions intéressantes. Comme le dirait ma grand-mère, c’est un beau problème à avoir. Écrire un livre [Flatiron Books publiera ses mémoires] est un nouveau défi et ça m’a incitée à commencer une thérapie – ce qui est une très bonne chose, je pense ! Les séparations avec ma fille – Ida, la lumière de ma vie, qui a maintenant 8 ans – pendant que je suis en tournée ont été difficiles, mais je suis reconnaissante que FaceTime existe !

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Q. Qu’est-ce que ça vous fait de revenir à Montréal après tout cela ?

R. Montréal m’a tellement manqué. Outside Child est, à bien des égards, une déclaration d’amour à ma belle ville. Je suis tellement heureuse de ramener cette musique à la maison !

Lisez notre entrevue réalisée à la sortie de l’album

Q. Vous avez grandi ici, mais c’est aussi ici que vous avez subi les douleurs que vous abordez sur l’album. Vous voyez quand même cette ville comme un endroit que vous aimez, comme la « maison » ?

R. Tout ce que je suis s’est formé et a été façonné par Montréal. Je ne sais pas si j’aurais survécu à mon enfance dans une autre ville. Montréalaise un jour, Montréalaise toujours !

Q. À quoi peut-on s’attendre pour votre présence au Théâtre Rialto ce mercredi ?

R. À une communion créative, à la joie d’une survivante. La musique est une conversation différente à chaque spectacle parce que les êtres humains qui nous rejoignent font partie de cette conversation. Et on bouge aussi !

Q. Vous avez été nommée pour trois prix Grammy pour Outside Child. Comment avez-vous reçu cette immense reconnaissance ?

R. C’était un choc complet ! J’étais au beau milieu de l’enregistrement d’une balado quand je l’ai appris. Il y a une vidéo très drôle de moi qui lance une salve de jurons d’incrédulité !

Q. L’industrie de la musique folk américaine a également célébré votre travail, notamment en vous remettant le prix de l’album de l’année aux Americana Honors and Awards. Est-ce particulièrement spécial de recevoir ces accolades ?

R. C’est très spécial parce que j’ai vraiment grandi en tant qu’artiste, auteure, femme, militante et mère dans la communauté musicale folk, roots et americana. Cela signifie beaucoup pour moi d’avoir l’estime de mes pairs et de mes collègues. Et d’être la première artiste noire, tous sexes confondus, à remporter l’album de l’année « comtemporary roots » en 2022 est à la fois source de tristesse et d’espoir. Ça veut dire beaucoup pour moi d’avoir franchi ce plafond. Je ne serai pas la dernière !

Q. Outside Child est un disque infiniment personnel. Et c’est celui qui vous vaut d’être plus célébrée que jamais…

R. En étant entièrement moi-même, en racontant mes vérités les plus douloureuses et les plus vulnérables, j’ai été reconnue et célébrée pour la première fois dans une carrière qui s’étend sur deux décennies. Cela me donne tellement d’espoir.

Q. Parmi les moments forts de votre année, il y a eu ce moment sur scène avec Joni Mitchell durant le Newport Folk Festival l’été dernier. Parlez-nous de ce moment.

R. Je ne m’en remettrai jamais ! Rencontrer Joni était incroyable, nous avons parlé de notre amour pour Montréal et Saskatoon !

Q. Quelle est la suite pour vous ?

R. Je termine mes mémoires et je suis à fond dans l’écriture de mon deuxième album. Ça va groover beaucoup plus. Je me laisse aller dans ma joie du survivant et je saisis le bon de cette vie, qui est là malgré la peine et les traumatismes. Pensez à une rencontre entre l’album Quiet Fire de Roberta Flack et du Sound & Color de The Alabama Shake ! C’est tellement le fun de faire de la nouvelle musique !

Au Théâtre Rialto ce mercredi, à 20 h, dans le cadre de Pop Montréal.

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