L’œuvre de Jean-Michel Blais a pris un tournant. Ses plus récentes compositions ne sont plus seulement des solos au piano, mais bien des œuvres orchestrales. En concert à la salle Wilfrid-Pelletier, où il a présenté l’album aubades « pour la première fois à la maison » samedi, toute la complexité et la grande sensibilité de ses pièces ont pris vie de la plus belle des façons.

Le compositeur et pianiste québécois s’est d’abord installé seul au piano. Le premier morceau qu’il a joué a permis de laisser tout l’espace à la mélodie dictée par les touches, mues par son doigté délicat. Il a aussi permis au chef d’orchestre, Julien Proulx, et aux 11 musiciens venus accompagner Jean-Michel Blais de prendre place tout autour de lui.

Ainsi, lorsque, dans une fluide transition, il est passé à sa deuxième pièce, les cordes ont pu joindre leurs voix. Plus tard, les cuivres et les bois.

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Jean-Michel Blais

« Je sais pas si on est complets, mais on est crissement pleins ! Pour de la musique de chambre ! », s’est-il exclamé lorsqu’il s’est adressé au public pour la première fois de la soirée, avant de dire toute son excitation d’être présent.

Jean-Michel Blais l’a expliqué en début de spectacle, il est du genre à parler entre ses morceaux. Il ne laissera pas la soirée s’écouler sans raconter les histoires qui complètent celles que sa musique narre déjà. L’affable musicien fait des blagues, mène avec légèreté cette soirée de musique classique. Le public se réjouit de ses longs monologues, ça s’entend à ses réactions.

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La salle était bien remplie pour venir écouter le pianiste québécois.

Il a donc présenté Murmures, première pièce qui avait été dévoilée au début de cette nouvelle ère musicale pour le compositeur. Une merveille de composition, qui coupe le souffle par sa beauté. On aura le souffle coupé à quelques reprises ensuite.

Il prend plus tard le temps d’expliquer la genèse du projet aubades. La pandémie, la « mini-dépression », l’envie d’apprendre à composer pour d’autres instruments, l’époque baroque qui l’a inspiré et les aubades, ces « musiques du matin ».

Passepied (inspirée de la danse et de la composition de Debussy), Absinthe (inspirée du moment où l’on voit le soleil du matin se lever après une soirée où l’on aurait consommé de l’absinthe), nina (inspirée par l’aubade de la vie, la petite enfance), If you build it, they will come (inspirée de Kevin Costner et de Noé)… Toutes les pièces de l’album y sont passées (anecdotes sur leurs compositions en prime), pour notre plus grand plaisir. Toutes les pièces ont été livrées par le pianiste et compositeur avec une précision où une puissante émotion était loin d’être absente.

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Concert de Jean-Michel Blais à la salle Wilfrid-Pelletier dans les cadre du Festival International de Jazz de Montréal.

Autour de la musique, quelques jeux de lumières pour rappeler le lever du jour, quelques bruits de fond pour accompagner les douces mélodies et quelques images, sur un panneau projetant des formes lumineuses.

Une célébration

Le compositeur est à l’occasion retourné piocher dans son plus vieux répertoire, laissant ses accompagnateurs quitter la scène le temps de redonner au piano toute la place.

Jean-Michel Blais a souhaité évoquer le lever du jour, l’espoir, la beauté de la renaissance avec ce projet qui a poussé son œuvre plus loin que jamais auparavant. En concert, le pianiste et son orchestre font de l’album aubades une célébration. Le spectacle est porteur de félicité, même si parfois la mélancolie nous a rattrapés à l’écoute de certains morceaux. Mais la lumière que la plupart de ses pièces projettent a envahi la salle Wilfrid-Pelletier samedi. C’était divin.

Jean-Michel Blais présentera aubades en tournée au Québec et au Canada dans les prochains mois.

Consultez le site de Jean-Michel Blais (en anglais)