Un spectacle de Led Zeppelin l’a changée à jamais, si bien qu’elle est devenue l’une des premières femmes journalistes rock du Québec. Encore aujourd’hui, Marie-France Rémillard facilite la venue de grandes vedettes de rock à Montréal, notamment sur le plateau de Tout le monde en parle. Portrait d’une mélomane qui carbure aux shows rock.

« Springsteen a déjà vendu un million de billets en Europe. Un million ! »

Nous sommes à peine assises au restaurant que Marie-France Rémillard nous informe d’une nouvelle de l’industrie de la musique, comme elle le fait plusieurs fois par jour, avec pertinence, sur les réseaux sociaux comme Twitter.

La veille de notre entrevue, au début du mois de juin, cette grande assoiffée de rock avait roulé de nuit pour revenir du stade Fenway Park de Boston, où elle avait vu un spectacle de Paul McCartney.

« C’est rien, la route », lance celle qui adore être au volant de nuit.

Marie-France Rémillard est rentrée lundi de Londres. Dimanche, elle a vu les Rolling Stones à Hyde Park pour son 64anniversaire. Mercredi soir, elle sera assise dans la première rangée du Gesù pour le spectacle de la pianiste polonaise Hania Rani. Jeudi, elle reprendra l’avion pour Rome pour un spectacle de Maneskin. Ensuite, elle retournera à Londres pour ABBA Voyage et Duran Duran. Tout un programme !

« Il fallait foncer »

Marie-France Rémillard a attrapé le virus du rock en 1975 quand elle a vu Led Zeppelin en spectacle à Montréal. « Ce fut un choc et une passion avec l’envie de partager », dit-elle.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Marie-France Rémillard

La jeune Montréalaise s’est ensuite mise à écrire pour le journal Pop Rock, où travaillait une autre femme, Lise Ravary. Elle a été engagée par celui qui allait devenir son ami, Mario Lefebvre — qui a géré plus tard les carrières de Garou et Roch Voisine. Marie-France avait fait parvenir par la poste une critique d’un spectacle du groupe Nazareth à la Place des Nations. Elle avait alors… 17 ans !

Plus tard, elle a voulu revoir Led Zeppelin, mais le groupe avait écarté Montréal de sa tournée, si bien qu’elle a fait un premier voyage aux États-Unis pour aller voir la bande de Robert Plant et Jimmy Page à Detroit, puis deux soirs au mythique Madison Square Garden de New York. « Je suis restée au même hôtel qu’eux à Detroit et j’ai rencontré Robert Plant à New York, raconte-t-elle. Robert Plant est l’artiste que j’ai rencontré le plus souvent. »

Pendant notre rencontre, Marie-France Rémillard lance un tas d’anecdotes de la sorte. Des faits vécus à faire rêver, mais qui semblent mission impossible aujourd’hui.

Comment a-t-elle réussi son coup ?

« C’était plus facile à l’époque. J’ai fait un cold call à la compagnie de disques. Il fallait juste foncer et demander. »

Aussi simple que cela…

Tisser des liens de longue date

Marie-France Rémillard a travaillé chez Pop Rock de 1975 à 1980. Elle couvrait la musique québécoise, alors que ses collègues masculins n’en avaient que pour Genesis et le rock progressif.

J’allais voir Harmonium, Aut’Chose, Diane Dufresne… il y avait des lancements de disques tout le temps. C’était vraiment une belle époque. Il y avait beaucoup d’argent pour la promotion.

Marie-France Rémillard

En parallèle, Marie-France Rémillard s’est mise à prendre contact avec les équipes de groupes internationaux « plus rock », comme Aerosmith, Rush, Van Halen et Kiss. En 1980, elle a quitté Pop Rock pour fonder le magazine Live ! et elle est devenue la première femme journaliste à écrire sur le métal au Québec.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-FRANCE RÉMILLARD

Marie-France Rémillard avec les membres de Van Halen. Eddy Van Halen à gauche, et Sammy Hagar, Michael Anthony et Alex Van Halen.

Des contacts et des liens, elle en a tissé, et cela lui a servi. Elle est devenue proche de Gene Simmons de Kiss, par exemple, l’un des artistes dont elle a facilité la participation à Tout le monde en parle.

Plus tard, Marie-France a travaillé dans les équipes de gérance de Garou et d’Angélique Kidjo, dont elle demeure très proche.

Son grand ami, Paul Lévesque, imprésario de Bruno Pelletier, est mort il y a deux ans. « Un gros coup », confie-t-elle. Quand elle travaillait avec lui pour le groupe Mahogany Rush, il l’a présentée à des gens qui ont gravi les échelons et qui sont devenus proches de groupes comme Metallica et Def Leppard.

En décembre 1989, Marie-France a fermé Live ! car elle avait un trop-plein de musique métal. Passionnée de voyages, elle a fait une maîtrise en relations internationales à l’Université Laval. Elle a ensuite travaillé au Bénin avant de revenir à Montréal et être engagée au service à la clientèle pour Air Canada à l’aéroport.

Grâce aux rabais d’employés, elle pouvait faire Montréal-Londres pour 19 $. Mais surtout, elle a pu encore rencontrer un tas de personnalités publiques et de musiciens qu’elle a accompagnés dans les salons privés de l’aéroport.

Pas nostalgique

Sur les réseaux sociaux, Marie-France Rémillard partage et commente de nombreuses nouvelles du monde de la musique : ventes de catalogues, palmarès, état de santé des vieux rockeurs, etc.

« La business m’intéresse beaucoup, dit-elle. Harry Styles fait 15 soirs au Madison Square Garden et 15 soirs au Forum de Los Angeles. C’est énorme ! Les gens n’ont pas conscience de son succès. »

Vous aurez compris que Marie-France Rémillard est une femme de son époque. « Je ne suis pas nostalgique », conclut celle qui ne voudrait surtout pas rater l’envol d’un nouvel artiste.

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