Si on le surnomme « le pianiste du rap français », cette affinité ne s’entend pas nécessairement sur enregistrement. Mais lorsque l’on voit Sofiane Pamart en concert, on comprend alors tout de suite le lien qu’il établit entre le classique et le style hip-hop.

La Maison symphonique, jeudi soir, a été comme un refuge. À l’abri des orages et de toute autre chose du monde extérieur, on a pu être absorbés dans la bulle réconfortante que Pamart a façonnée, note par note, durant sa superbe prestation.

Le public était plus varié que jamais. Habits propres ou t-shirts amples. Souliers cirés ou chaussures Nike colorées. Des jeunes et des plus vieux, beaucoup de Français, mais pas seulement, alors que le public québécois aussi commence à le découvrir.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Sofiane Pamart

Quant au compositeur et pianiste Sofiane Pamart, il est arrivé sur scène vêtu d’un kimono bleu et blanc, d’un chapeau noir lustré et de lunettes de soleil. Chaîne au cou, bagues aux doigts, il n’a pas fait mentir sa réputation de musicien classique à l’allure de rappeur.

Silencieux mais passionné

Tout est dans l’attitude du pianiste lillois. Les notes qu’il joue lui font parfois hocher la tête et balancer son corps comme sur une chanson pop.

Il a l’élégance de ses compositions, mais aussi ce côté tout à fait décontracté, qui aide à rendre son œuvre encore plus accessible.

Lorsque se termine sa deuxième pièce, il la clôt sur deux accords qu’il nous envoie dans un ample mouvement de bras. Finale éclatante, qui laisse pressentir la suite : les pièces sont cinématographiques, tantôt légères, tantôt dramatiques, mais la livraison est toujours la même, empreinte d’une passion sincère et d’un style unique.

Son doigté est léger, mais acéré et net. Les notes roulent avec précision jusqu’à nos oreilles. Qu’il veuille nous amener dans un monde magique et enchanté, dans un contexte plus moderne ou bien dans un univers mélancolique, il le fait avec une aisance séduisante.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Sofiane Pamart

Sofiane Pamart n’a pas adressé un seul mot à son public. Le Français s’en tient à la musique.

Il a lancé de nombreux sourires à tous ceux qui étaient venus l’écouter, on a senti son regard (derrière ses lunettes fumées) se diriger souvent vers l’auditoire. Quand la foule l’a acclamé au milieu du concert, il s’est levé et l’a saluée, l’air ébahi devant le moment qui s’offrait à lui. Cette première présence à Montréal, sa deuxième sur le sol québécois, a été couronnée de succès. Presque tous les sièges étaient occupés à la Maison symphonique.

Le musicien a rempli son heure et quart sur scène de cette musique néoclassique théâtrale et enveloppante plutôt que de mots. Et ça a suffi. Après pas moins de quatre ovations, la foule a fini par lui lancer des suggestions, ce qui a mené à une interprétation de Mistral gagnant, sympathique finale. Nul doute, les spectateurs, de tout âge et de tout style, ont été touchés, émerveillés.