« Quelle grossière erreur/Tomber amoureuse du chanteur », se moque Clara Luciani sur l’un des irrésistibles tubes disco de son deuxième album, Cœur, dont la pochette à elle seule donne envie d’aller danser aux pieds de la star française.

Clara Luciani a beau nous avoir mis en garde de cette « erreur d’amateur », les spectateurs qui remplissaient le MTelus mardi soir sont tous tombés dans le piège de l’idolâtrie aveugle.

Avec raison ! Si Clara Luciani a mis quelques chansons avant d’être pleinement épanouie et détendue sur scène, son spectacle s’est terminé sous le signe du triomphe avec son hymne du plancher de danse post-pandémique par excellence, Respire encore.

« Il faut qu’ça bouge, il faut qu’ça tremble, il faut qu’ça transpire encore », répète-t-elle dans le refrain qui remplit pleinement sa mission.

C’est exactement ce qui s’est passé sur le parterre du MTelus mardi soir.

Le spectacle de Clara Luciani a débuté avec un peu de retard. À 22 h 20, la foule a enfin entendu les battements qui introduisent la pièce-titre de Cœur. Clara Luciani est apparue en chair et en os sous un déluge de cris et d’applaudissements. En début de parcours, quelque chose clochait toutefois dans l’ensemble et dans le son. La voix de la chanteuse était enterrée par ses musiciens. Ce fut aussi le cas sur Amour toujours, chanson qui a suivi, mais le bonheur expressif de la foule comblait le vide ressenti.

Clara Luciani était émue par l’accueil de la foule, ce qui lui a donné de l’aisance et de l’agilité. Elle a fait frissonner la foule avec Bandit, elle a rocké sur Comme toi et elle a été aussi comique que mélancolique sur Tout le monde (sauf toi).

Il faut souligner à quel point Clara Luciani peut compter sur des musiciens de feu, soit Alban Claudin aux claviers, Mathieu Edward à la batterie, Benjamin Porraz à la guitare et Pierre Elgrishi à la rutilante basse disco. Ce dernier a par ailleurs remplacé celui à qui il ressemble, Julien Doré, sur Sad & Slow.

Au chapitre des surprises, il y en avait une qui était à prévoir – mais tant appréciée –, soit le saut sur scène de Pierre Lapointe pour son duo avec Clara Luciani Qu’est-ce qu’on y peut, qui décrit la chimie qui agit « quand deux corps se rencontrent ».

L’union de leurs voix ? Magnifique.

Photo CATHERINE LEFEBVRE, collaboration spéciale

Clara Luciani en duo avec Pierre Lapointe

Un retour à Montréal

Clara Luciani foulait pour la deuxième fois la scène du MTelus. Elle l’avait fait en 2018 en première partie d’Eddy de Pretto. Quatre ans plus tard, elle tient le haut de l’affiche deux soirs plutôt qu’un. Quel chemin parcouru pour l’artiste de 29 ans.

En spectacle, on comprend pourquoi Clara Luciani a été sacrée révélation scénique des Victoires de la musique en 2019 et qu’elle a été consacrée deux fois interprète féminine de l’année. La voix de Clara Luciani est toujours juste, elle met le public dans sa poche et elle se meut tout en élégance avec ses longues jambes, sa mâchoire carrée et ses chics pas de danse.

En fait, il est difficile de comprendre aujourd’hui pourquoi Clara Luciani a une chanson qui a pour titre J’sais pas plaire, mais on sait que la confiance de prendre le devant de la scène ne fut pas innée, mais à gagner pour l’ancienne membre du groupe La Femme.

Son deuxième album, Cœur, lancé en juin 2021, a fait d’elle une superstar. « Irrésistible » s’avère le mot qui décrit le mieux ses airs disco et ses mélodies à la grandiloquence typique de la pop française. Et c’est encore plus vrai en spectacle.

Mardi soir, la fête a atteint son comble avec Le reste, La baie (reprise de Metronomy) et La grenade, tube de son premier album, Sainte-Victoire. Le spectacle tirait alors à sa fin et la foule vivait un grand moment de joie collective. En fait, le ravissement était mutuel.

Quand Clara Luciani a largué sa bombe dansante Respire encore avant le rappel, il n’y avait aucun doute : nous assistions à un triomphe. Son triomphe à elle, mais aussi celui de la communion des cœurs par la musique.

On remet cela mercredi soir ?