Prenez au hasard une bande dessinée de Lucky Luke. Allez à la dernière page, à la dernière case : le célèbre cowboy, bien en selle sur son cheval Jolly Jumper, s’éloigne alors que le soleil orangé se couche sur les paroles de la chanson I’m a Poor Lonesome Cowboy.

Cette image aurait pu servir de pochette au nouvel album – double – du groupe Wilco tellement elle colle à l’ambiance qui émane des 21 chansons entendues sur Cruel Country. Ce disque est musicalement un hommage à cette Amérique rêvée, celle où tout était à construire, celle avant que les États soient… unis.

Tout y est folk et country de style saloon : on y entend surtout les guitares aux cordes sèches et les notes d’un piano, alors que les percussions se font discrets. Les arrangements synthétiques sont infimes, tout comme le surenregistrement (overdubs).

La musique rappellera aux fans du groupe les deux volumes de Mermaid Avenue (1998 et 2000) – faits en partenariat avec Billy Bragg – de même que ce qu’a offert Uncle Tupelo au début des années 1990, groupe phare de l’alt-country dans lequel œuvrait, justement, Jeff Tweedy.

On a surtout apprécié et écouté en boucle le milieu de ce – trop – généreux Cruel Country. Les chansons Bird Without a Tail, The Universe, Many Worlds et Hearts Hard to Find auraient pu se retrouver sur A Ghost Is Born (2004) ou Sky Blue Sky (2007), deux albums à écouter sans réserve et qui constituent le cœur de la discographie de Wilco.

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Écrivons-le : Cruel Country est un pamphlet signé Tweedy. Il y décrit une Amérique qui a mal tourné, où l’extrême droite – religieuse et politique –, la violence omniprésente et la peur de « l’autre » ont pris la place de l’esprit de communauté et de la solidarité qui a fait briller l’Amérique d’autrefois, celle où les rêves d’unité et d’égalité étaient encore possibles.

Wilco sera au MTelus le 20 août prochain.

Cruel Country

Country folk

Cruel Country

Wilco

dBpm records

7/10