Une fois par mois, La Presse présente quelques rendez-vous attendus pour les amateurs de musique classique.

Qu’est-ce que la vérité ? Cette question fondamentale que des générations de philosophes ont essayé de résoudre, le chef de l’Orchestre du Centre national des arts (CNA) d’Ottawa tentera d’y répondre en musique dans un programme qui sera offert mercredi et jeudi dans la capitale fédérale. Entrevue avec Alexander Shelley à l’heure des faits dits « alternatifs ».

Pas plus tard que la semaine dernière, le musicien était à New York pour donner un concert dont la première a eu lieu à Toronto le 30 mars. L’évènement, qui devait d’abord se tenir en 2020, alors que la campagne présidentielle battait son plein au sud de la frontière, se veut un hommage à l’ancien chef d’antenne de la chaîne ABC, le Torontois Peter Jennings, disparu en 2005.

Bien que l’ayant peu connu du fait de ses origines britanniques, Alexandre Shelley adhère à 100 % aux valeurs d’objectivité qui étaient, selon lui, l’apanage de cette vedette journalistique anglo-canadienne peu connue au Québec. « En tant que chef d’antenne, Jennings incarnait avec autorité la recherche impartiale de l’information », raconte le directeur artistique de l’orchestre.

Pour Shelley et l’équipe du CNA, il est indispensable d’aller au-delà de la simple musique « pure » et d’y aller de propositions audacieuses en adéquation avec l’esprit du temps. Le thème de la vérité s’est imposé à eux avec force, l’agir politique ne pouvant faire l’économie d’une réflexion sur les faits et sur la manière dont ils sont récoltés et communiqués.

Le chef l’a souligné aux spectateurs du Carnegie Hall le 5 avril, dans un pays qui connaît ces années-ci un rare clivage. Il a également pu en discuter quelques heures avant avec deux journalistes du New York Times et du Financial Times lors d’une table ronde animée par David Muir, présentateur étoile à ABC et admirateur avoué de Peter Jennings.

Le chef de l’Orchestre du CNA a eu l’occasion de rappeler que deux des œuvres au programme, le Concerto pour violon de Korngold (avec James Ehnes) et la Symphonie no 9 de Chostakovitch, ont été écrites par des compositeurs ayant eu affaire (le second beaucoup plus que le premier) à des régimes autoritaires où la liberté d’expression était réduite à presque rien.

Je crois que Chostakovitch voulait, avec sa symphonie, nous envoyer un message à propos de ce que cela était que de vivre et de travailler sous la tyrannie. Et ce qui est intéressant avec sa musique, c’est qu’elle peut outrepasser le côté cérébral et aller droit au cœur, la rendant d’autant plus vraie.

Alexander Shelley

Mais y a-t-il une vérité en musique ? « Si j’essaie personnellement d’arriver aussi près que possible de la vérité que je crois que le compositeur désire transmettre, cela devient une expérience métaphysique et on commence à toucher à quelque chose de profond », explique-t-il.

Pour lui, « la plus belle chose lorsqu’on est chef d’orchestre est ce moment de symbiose qui arrive sur scène lorsqu’on oublie qu’on est de simples individus » pour se fondre en un seul organisme.

Tant qu’à aller jouer à New York, l’orchestre a commandé une nouvelle symphonie à Philip Glass, le pape du minimalisme, qui habite lui-même la Grosse Pomme, venu entendre sa récente création. Donnée en début de concert, la courte pièce Zeiss After Dark de la compositrice canadienne Nicole Lizée en est un pendant idéal avec ses couleurs chatoyantes.

Ottawa aura également droit, juste avant le concert de mercredi, à sa table ronde, cette fois-ci présidée par le journaliste Paul Wells, avec, en plus d’Alexander Shelley, les journalistes Marie-Claude Lortie (Le Droit) et Evan Solomon (CTV News).

Rendez-vous les 13 et 14 avril à 20 h à la salle Southam du Centre national des Arts ou à la webdiffusion en direct payante le 14 avril.

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Aussi au programme

Un grand jour pour la salle Bourgie

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA SALLE BOURGIE

Le nouveau pianoforte de la salle Bourgie

Ce n’est pas tous les jours qu’on inaugure un pianoforte. Après le Palais Montcalm de Québec, qui avait acquis un instrument de l’États-Unien Rodney J. Regier, c’est au tour de la salle Bourgie d’accueillir sa réplique (du même facteur) de cet instrument historique, sorte d’ancêtre du piano de l’époque de Mozart et de Beethoven. Au départ prévue l’an dernier avec Andreas Staier, l’inauguration de ce petit joyau aura lieu ce mardi à 19 h 30 sous les doigts de l’éminent Ronald Brautigam dans un programme mettant en vedette Schubert, Schumann et Mendelssohn.

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Du tout nouveau, tout chaud au Vivier

PHOTO CAROLINE DÉSILETS, TIRÉE DU SITE WEB DE L’ARTISTE

Keiko Devaux

Pourquoi ne se précipite-t-on pas aux concerts de musique nouvelle comme pour entendre une énième symphonie de Beethoven ? L’occasion est belle ces jours-ci avec le rendez-vous printanier Résonance croisée organisé par Le Vivier. Des artistes en provenance du Québec et de cinq pays européens présenteront leurs créations pour différentes formations musicales à l’Espace Orange. On pourra notamment écouter une création de Keiko Devaux, qui vient de recevoir le prix Opus de la compositrice de l’année.

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Quand la relève entre en scène

PHOTO TIRÉE DU SITE DU CONSERVATOIRE

Manon Lafrance, directrice du Conservatoire de musique de Montréal

Envie de découvrir le prochain Charles Richard-Hamelin ? Il est possible d’assister gratuitement aux examens terminaux du Conservatoire de musique, qui se tiendront presque quotidiennement jusqu’au 6 mai. Fruits d’une préparation de longue haleine, ces récitals verront les finissants au baccalauréat et à la maîtrise, que ce soit en cordes, en vents, en piano, en percussions, en chant ou en composition, se produire devant jury dans la magnifique petite salle de concert de la rue Henri-Julien.

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Un trio pas piqué des vers au LMMC

PHOTO DANIEL ASHWORTH, FOURNIE PAR LE LMMC

Le Trio Han-Finckel-Setzer

Le Ladies Morning Musical Club (LMMC) recevra, le 1er mai (15 h 30), le Trio Han-Finckel-Setzer. Derrière ce nom peu évocateur se cachent un des deux violonistes et l’ancien violoncelliste du Quatuor Emerson, un des plus remarquables ensembles de musique de chambre de notre époque. Avec la pianiste Wu Han, ils se produiront à la salle Pollack dans un programme associant le célèbre Trio « des Esprits » de Beethoven à deux trios moins connus de Haydn et Dvořák.

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