Parce qu’il a sorti son premier album au début de la pandémie, en mars 2020, P’tit Belliveau n’a pas beaucoup eu l’occasion de faire vivre ses chansons sur scène. Mais le chanteur acadien a fait contre mauvaise fortune bon cœur et s’est lancé dans la création d’un nouvel album, Un homme et son piano, qui arrive deux ans plus tard presque jour pour jour.

« C’était décevant de ne pas avoir eu la chance de le tourner. Mais je trouve qu’il y a quelque chose de poétique là-dedans, parce que j’ai gagné ce que j’ai perdu. »

Jonah Guimond, alias P’tit Belliveau, nous parle au téléphone de son domicile de la baie Sainte-Marie, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, dont il est originaire. Il sera enfin en tournée au Québec à compter de la mi-avril, mais avec quelque 1000 kilomètres à parcourir entre chez lui et Montréal, il choisit ses déplacements.

La pandémie a bien sûr « causé plus de mal que de bien », dit l’auteur-compositeur-interprète, mais il a « travaillé dur » et est fier de cet album, qui est différent de ce qu’il aurait fait normalement. C’est que « stuck à la maison pour la plupart du temps », il a dû plonger à l’intérieur de lui et s’inspirer de son passé plutôt que de regarder ce qui se passe autour de lui.

C’est plus large, plus timeless. En même temps, je dis tout ça, c’est pas extrêmement différent. C’est toujours P’tit Belliveau qui raconte de petites histoires simples.

P’tit Belliveau

C’est cette simplicité bon enfant qui a fait le succès de celui qu’on a découvert lors de la finale des Francouvertes en 2019. On la retrouve intacte sur Un homme et son piano, qu’il a réalisé et enregistré à 95 % dans son studio maison. Et il l’a fabriqué pratiquement seul, soutenu par trois choristes et un seul musicien, Jacques Blinn, qui touche violon et mandoline. P’tit Belliveau s’occupe du reste, programmation, guitare, synthés. On lui fait remarquer que l’album aurait pu s’intituler Un homme et ses instruments.

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« Ça aurait pu être Un homme et son ordi, en fait ! », dit-il en expliquant que si le piano a été la base de la composition, de l’instrumentation et du rythme, il peut « produire tous les sons » en le branchant à un ordinateur.

Le titre de l’album montre en tout cas la coupure avec son précédent, Greatest Hits Vol. 1, qui était un parfait mélange de banjo et de sons électroniques, comme si le bluegrass rencontrait la musique techno. Plus de banjo ici, mais le musicien est toujours à la recherche de cette harmonie entre l’organique et le numérique. Pour lui, le violon et l’auto-tune sont des « amis potentiels », et tout est plus une question d’authenticité que d’outil.

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« L’art, c’est de refléter une émotion, du vécu, et de le transmettre à quelqu’un d’autre. Sans le dire en mots exacts, mais en le faisant ressentir. »

« Faire le monde plus content »

Douceur, humour légèrement ironique, joie de vivre, mélancolie : on est bien dans le monde de P’tit Belliveau, qui aime bien faire passer de petits messages dans ses chansons. « Sans être preachy, sans donner mon opinion. Just think about it. »

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Il célèbre surtout le plaisir simple de « just living the life », raconte le bonheur de « retourner chu nous », rêve d’une « journée sans haine », procrastine devant l’ampleur de la tâche – « Demain je vas changer le monde » –, n’est plus « worrié » depuis que la neige a fondu, trouve que « les bières d’asteure sont trop smart » pour lui, surtout quand il a travaillé fort toute la journée.

Bref, plutôt que de porter le poids du monde sur ses épaules, P’tit Belliveau préfère se concentrer sur ce qu’il peut faire concrètement pour améliorer la vie des gens autour de lui.

« Je ne connais rien sauf la musique. Si je veux avoir un impact positif, quoi d’autre je peux faire que de la musique happy ? Je ne suis pas intelligent assez pour solver les trucs scientifiques, pas assez un orateur pour changer la vie à tout le monde. Mon seul outil, c’est de faire des petites chansons pour faire le monde plus content. »

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P’tit Belliveau estime que son empathie est une de ses principales qualités, et il sera toujours « du côté des gens qui sont stucks dans des jobs qu’ils haïssent », ceux qui paient des impôts. « Regular people, tu sais. » Pas surprenant de la part de cet ancien gars de la construction, qui dans sa jeunesse s’est beaucoup senti comme un extraterrestre – « J’feele comme un alien », chante-t-il d’ailleurs dans la dernière chanson de l’album.

Ça fait 26 ans que je suis sur cette planète et j’ai appris à être normal dans des situations où il faut l’être. Mais je ne crois pas qu’anyone est normal. Ça existe pas, normal ! Tout le monde a été dans une situation où il se sentait fucking bizarre.

P’tit Belliveau

Après deux années pratiquement sans spectacles, le chanteur reprend la tournée. Mais pas question de quitter son coin de pays, ni même de déménager à Moncton, même si ça l’oblige à faire beaucoup de route. Ce qu’il aime, c’est vivre à la campagne avec ses chiens et son chat, s’occuper de sa maison et agrandir son jardin avec sa blonde.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

P’tit Belliveau sur la grande scène des Francos en septembre 2021

« La musique est un job normal. J’approche ça comme un blue collar job, tu vois ? J’adore ça, je suis fier de jouer des shows, mais je suis aussi fier d’aller back chez nous. Je veux avoir une bonne balance et une vie saine. C’est tout ce que je veux. »

Un homme et son piano

Pop

Un homme et son piano

P’tit Belliveau

Bonsound
En vente vendredi

Consultez le site de P'tit Belliveau pour des informations sur sa tournée