S’étonner de voir Cowboy Junkies proposer un album entièrement composé de reprises serait bien mal connaître le groupe ontarien. C’est d’ailleurs une relecture de Sweet Jane, chanson de Lou Reed pour Velvet Underground, qui a fait remarquer son album Trinity Sessions en 1988. L’habitude est restée au cours des décennies suivantes. Margo Timmins, ses frères Michael et Peter ainsi que leur grand ami Alan Anton ont puisé dans les répertoires d’Elvis (Blue Moon), de Neil Young (Powderfinger) ou encore de Bob Dylan (If You Gotta Go, Go Now).

On retrouve d’ailleurs Neil Young sur Songs of the Recollection. Deux fois plutôt qu’une : Cowboy Junkies passe Don’t Let It Bring You Down et Love In My Mind à la moulinette de son rock nocturne d’où émerge la voix habitée, d’une rondeur évanescente, de Margo Timmins. Sur la première, les guitares rugissent avec retenue, sur la seconde, elles virent au rock tamisé.

Au fil des neuf chansons qui composent le disque, on croise notamment David Bowie (Five Years), The Rolling Stones (No Expectations, fort bellement revue), Gordon Lightfoot (The Way I Feel). Un seul choix étonne franchement : Cowboy Junkies reprend Seventeen Seconds, chanson titre du deuxième album du groupe The Cure, qu’Alan Anton enrobe d’une basse glissante, mais qui est aussi traversée de guitares délicatement torturées.

On reconnaît toute la palette sonore de Cowboy Junkies à travers ces reprises, du folk vaporeux au rock lent et lacéré, ses traits americana, et surtout cette impression de réconfort qu’on ressent toujours au contact de la voix de Margo Timmins. Songs of the Recollection n’a pas l’âme des meilleurs disques du groupe, mais possède tout ce qu’il faut pour plaire à ceux qui le suivent depuis des décennies.

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Songs of the Recollection

Songs of the Recollection

Cowboy Junkies

Latent Recordings

6/10