Pour souligner ses 50 ans de carrière, Zachary Richard a eu envie d’une nouvelle aventure. Plutôt que de ressortir ses vieux succès du grenier pour les regrouper dans leurs versions originales, il a décidé de les envelopper dans l’élégance soyeuse d’un orchestre de chambre.

Intitulé Danser le ciel, l’album qui résulte de cet heureux mariage musical est attendu ce jeudi. On y retrouve dix des plus grands succès du chanteur cajun, mais aussi deux pièces originales.

L’idée a germé dans la tête de Zachary Richard en 2016, lors d’un concert à La Fayette avec l’Orchestre symphonique Acadiana. « J’ai interprété quelques-unes de mes chansons. La réaction du public a été importante, non seulement dans la salle, mais aussi sur Facebook, où j’avais mis un extrait de Lac Bijou. Et de mon côté, j’ai pris énormément de plaisir à faire ce concert. »

Pour passer de l’idée aux actes, il a fait appel à l’arrangeur Boris Petrowski et à son frère Nicolas, propriétaire d’un studio d’enregistrement dans Notre-Dame-de-Grâce. « Je voulais explorer le répertoire sous un autre angle. J’ai donné à Boris le mandat d’explorer les harmonies d’une façon aventureuse. Je ne suis pas un grand connaisseur de musique classique, mais il y a des choses que j’aime particulièrement. C’est le début du XXsiècle : Debussy, Satie, Ravel, Stravinski. C’est un sillon où je me trouve très à l’aise. Harmoniquement parlant, ça me parle. »

Je ne voulais pas juste ajouter une cuillérée de sucre à mon répertoire. Je voulais faire une aventure musicale qui permettrait de le pousser plus loin.

Zachary Richard

Le résultat, dit-il, le rend très fier. « On a décidé de prendre un risque et le pari est réussi. Ce sont les mêmes mélodies que les gens connaissent, mais ce ne sont pas les mêmes chansons ! On a ajouté une touche d’élégance à laquelle je suis très sensible. »

Des pièces à redécouvrir

« Les gens vont redécouvrir certaines pièces. Je pense notamment à La ballade de Jean Batailleur. Jusqu’à ce que je chante, on n’a aucune idée de quelle chanson il s’agit. On navigue vraiment dans une autre constellation. Mais je voulais tout de même rester fidèle à une image : celle de moi qui suis entouré. Il y a toujours de la guitare acoustique ou du piano. C’est moi qui me retrouve projeté dans un milieu soyeux. J’ose penser que les gens vont apprécier. »

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Pour certaines pièces, Zachary Richard a décidé de laisser de côté les cordes de l’orchestre de chambre. Pour Travailler, c’est trop dur, il s’est entouré d’amis musiciens traditionnels de la Louisiane. « On a joué sur la galerie en arrière, avec une bière froide dans la main. Il y avait une certaine insouciance qui fait contrepoids avec toute la richesse symphonique. » L’incontournable L’arbre est dans ses feuilles, il l’a reprise accompagné par une fanfare de rue montréalaise, menée par Aurélien Tomasi. « Ce sont des Blancs de Montréal qui jouent comme des Blacks de New Orleans », lance Zachary Richard.

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Bref, tous les grands succès de Zachary Richard sont ici repris, y compris Cap-Enragé, Marjolaine ou Pagayez. C’est toutefois une pièce originale qui a donné le nom à cet album. Danser le ciel est un hommage à la mère de l’artiste, disparue en janvier 2021. « J’étais très dévoué à ma mère. Je suis fils unique ; j’ai perdu mon père en 2005, l’année de l’ouragan. »

Cette chanson, dit-il, lui est presque venue par accident. « La muse a monté mon esprit, comme on monte un cheval. C’est comme ça qu’on dit dans le vaudou. Il y a une émotion qui est sortie et j’en ai fait une chanson. Or, ce n’est pas une chanson triste. C’est une chanson de danse. Cette chanson est un cadeau de ma mère, qui était une femme joyeuse avec énormément d’humour. »

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L’autre chanson originale, My Louisiane, a été écrite par un ami louisianais, maître-charpentier de son métier. « J’ai trouvé ça beau… », lance simplement l’artiste, qui a tout de suite décidé de l’endisquer.

La sortie de l’album s’accompagnera, à compter de mai, d’une tournée au Québec. Après plus de deux ans loin de la scène – que ce soit ici ou chez lui, en Louisiane –, Zachary Richard va pouvoir enfin renouer avec le public. « Et je vais pouvoir continuer de m’exprimer avec mes vieux chums Rick Haworth, Mario Légaré, Paul Picard… »

Il n’y aura peut-être pas d’orchestre de chambre sur la scène, mais il y aura sans conteste des décennies d’expérience combinées !

Danser le ciel

Danser le ciel

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