Il faisait chaud dans le large vaisseau de la basilique Notre-Dame, mardi soir. Et pour cause : des milliers de personnes étaient réunies pour le concert pour la paix en Ukraine parrainé par la Fondation de la Famille Korwin-Szymanowski, dont une représentante a déclaré vers la fin du concert avoir amassé 80 000 $.

Deux vidéos de l’Association Folkowisko, qui œuvre au poste-frontière de Budomierz-Hruszów depuis les premiers jours du conflit, ont permis de montrer concrètement où iraient les dons du public. Celui-ci était invité tout le long de la soirée à donner à l’aide de son téléphone ou de paniers passés par des membres des Scouts polonais du Canada.

Signe d’une utilisation non liturgique du lieu de culte, les lampes du sanctuaire étaient éteintes, mais le représentant du curé a rappelé la mission religieuse de l’endroit en récitant la prière pour la paix de saint François d’Assise, dont il a rappelé l’universalité.

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Le ténor Yuriy Konevych

C’est une oraison différente, la Prière pour l’Ukraine de Mykola Lyssenko, qui a ensuite été entonnée par la voix franche du ténor ukrainien Yuriy Konevych. Les Ave Maria de Bach-Gounod et Mascagni étaient également de circonstance, puisque la ville de Marioupol, actuellement encerclée par l’armée russe, est elle-même dédiée à Marie, comme l’a rappelé le pianiste Serhiy Salov.

Bach-Gounod a été chanté de la tribune de l’orgue par le baryton Marc-Antoine d’Aragon après une courte improvisation évoquant la musique de Tournemire par l’organiste du lieu, Pierre Grandmaison. L’Ave Maria de Mascagni (un arrangement de l’Intermezzo de son opéra Cavalleria rusticana) a quant à lui été interprété par une Natalie Choquette diminuée mais toujours aussi investie.

Elle a également proposé le célèbre air pour ténor « Nessun dorma » de Turandot de Puccini, terminant avec le poing en l’air sur le mot « vincero » (je vaincrai). Le public s’est levé d’un bloc pour l’applaudir.

Cette dernière était accompagnée par un orchestre à cordes ad hoc dirigé par le chef Nicolas Ellis, dont l’animatrice et organisatrice Claudia Ferri a souligné l’engagement enthousiaste dès les débuts du projet.

Sous sa baguette experte, la quinzaine de musiciens a joué la Mélodie pour cordes de l’Ukrainien Miroslav Skoryk, une courte pièce nostalgique jouée ces jours-ci par des orchestres du monde entier, puis Dona Nobis Pacem 2 de Max Richter. La directrice artistique de la soirée, la violoniste Nadia Monczak, a également joué, accompagnée de ses collègues, la fameuse Méditation de Thaïs de Massenet avec une grande émotion.

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Le pianiste Serhiy Salov

C’est probablement le pianiste Serhiy Salov qui a le plus touché l’assistance. Portant le drapeau bleu et jaune de l’Ukraine sur ses épaules, il a joué le mouvement lent du Concerto pour piano no 2 de Chostakovitch, un compositeur russe ayant connu au milieu du siècle dernier de nombreux démêlés avec les autorités soviétiques. Son Nocturne en do mineur, opus 48 no 1, de Chopin, interprété avec urgence et solidité, est un autre moment marquant.

Son confrère pianiste Steven Massicotte s’est quant à lui bravement mesuré à la Grande Polonaise brillante du compositeur polonais avec un toucher perlé.

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Le concert a attiré une foule nombreuse.

Côté plus populaire, on a notamment pu entendre le pianiste Jean-Michel Blais, un collègue de Mme Monczak, jouer deux de ses propres compositions. Tout le monde a craqué, enfin, lorsque Marc-Antoine d’Aragon a chanté Edelweiss en compagnie de sa fillette, dont c’étaient les débuts en public.

L’heure de tombée – le concert se poursuivait toujours après plus de deux heures – nous a malheureusement empêché d’entendre les deux derniers morceaux de folklore ukrainien et polonais.

Le concert est offert pendant deux semaines sur la page pianomtl.ca et il est toujours possible de faire des dons.

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