Près de deux ans après un premier album qui a connu un succès plus qu’appréciable, Alicia Moffet lance vendredi un nouvel EP, Intertwine. Mais l’autrice-compositrice-interprète et influenceuse de 23 ans vient aussi de traverser une tempête personnelle qui l’a secouée, et dont elle sort grandie.

Une question s’impose donc en commençant. Comment va-t-elle ? lui demande-t-on lors d’un entretien téléphonique pendant lequel elle ne se défile pas un seul instant. « Ça va bien. Ça brasse en tabarouette, les derniers mois ont été rock’n’roll, mais je vois la lumière au bout du tunnel. »

Pour résumer, la jeune maman s’est séparée du père de sa fille pendant le temps des Fêtes. Malgré qu’elle ait demandé qu’on respecte sa vie privée, disons que le sujet a enflammé les réseaux sociaux et les sites de nouvelles à potins. Beaucoup. Et pas toujours pour le mieux, puisque toutes sortes de rumeurs à son sujet se sont aussi propagées.

« Oui, je me suis fait brasser pour la première fois de ma vie. C’était vraiment terrible, j’ai eu zéro fun. » Cette décision personnelle difficile a aussi eu un impact sur sa vie professionnelle, puisque son ex, Alex Mentink, était aussi son gérant. « Et il l’est encore. C’était compliqué, gérer tout ça, mais ça se place. »

Laisser la poussière retomber

Avec ses 450 000 abonnés, celle qu’on a connue à La voix en 2015 est une réelle vedette d’Instagram (elle compte aussi 222 000 abonnés sur sa chaîne YouTube et 213 000 sur TikTok). Tous ces récents remous l’ont amenée à se questionner sur sa présence sur les réseaux sociaux, mais pas au point de s’en retirer.

« Je n’ai pas été très active pendant trois mois. Je remettais en question tout ce que je postais, parce que j’avais l’impression que mon image avait été déformée. J’ai laissé la poussière retomber, parce que c’était comme se battre dans le vide. »

Alicia Moffet est maintenant de retour sur les réseaux, et n’aime pas qu’on lui dise qu’elle récolte ce qu’elle a semé après avoir affiché sa vie privée pendant toutes ces années. « Je pense que c’est une carte facile à jouer, comme une manière d’excuser la méchanceté », laisse-t-elle tomber.

Il y a eu un énorme manque d’empathie. Je vivais une situation difficile, et je me faisais varger dessus. Même si ça va mieux, j’ai encore de l’amertume.

Alicia Moffet

Dans Lullaby, premier extrait de son EP lancé en janvier, Alicia Moffet envoie allègrement promener tout le monde : de sa voix douce et sur une mélodie hyper accrocheuse, elle y distribue les « f*** you » dans le refrain, et les doigts d’honneur dans le clip. Facile de conclure à un coup d’éclat et à une réponse à ses détracteurs.

« Ce n’est pas le cas », jure-t-elle, assurant que la sortie de Lullaby à cette date précise était prévue depuis six mois.

« C’était tout sauf planifié. J’ai écrit cette chanson pendant une période où j’étais frustrée pour plein d’affaires dans la business, des gens qui me disaient : “Si tu ne signes pas avec nous, tu ne vas jamais réussir…” J’allais en studio cette semaine-là, je me suis mise à chantonner juste ça, f*** you nanananana, j’ai dit : oh mon Dieu, il faut qu’on l’enregistre ! »

Immature ? Elle l’assume complètement, et trouve cela plutôt amusant. « Envoyer chier quelqu’un, c’est toujours immature à la base, rigole-t-elle. Mais qui ne l’a jamais fait ? Et il y a plein de chansons qui sortent qui sont immatures, des rappeurs qui arrivent avec des paroles pas possibles. Cette chanson, c’est une joke, j’étais crampée en l’enregistrant. Et ça m’a fait du bien. »

Assumée

Alicia Moffet estime que ce nouvel EP la représente parfaitement, plus assumée, mais plus vulnérable aussi. « Je m’assume plus comme femme, je suis maman, je vieillis. Je me suis retrouvée après une grosse période de changements et je me laisse aller dans mes textes, dans tout. »

Toujours inspirée par le soul, la chanteuse présente aussi des pièces plus pop. L’autrice-compositrice-interprète travaille encore avec de nombreux collaborateurs, dont le producteur et DJ britannico-canadien BYNON à la réalisation, mais elle ne veut surtout pas se mettre de barrières.

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« On ressent un fil conducteur dans ma musique, j’ai des goûts musicaux variés et on le voit plus. Par exemple, j’aime les ballades, j’adore l’album d’Adele, mais j’adore aussi la musique électronique. »

Après le succès de son premier album Billie Ave., qui a dépassé les 16 millions d’écoute en ligne, que souhaite-t-elle pour Intertwine ?

Je ne m’attarde pas beaucoup à ça, parce que j’ai vraiment de grandes attentes. Beaucoup, ce n’est pas beaucoup pour moi. Beaucoup, c’est les chiffres de Justin Bieber ou de Billie Eilish. Mais quand je m’assois, je me dis : eille, 16 millions d’écoutes, c’est quand même pas pire, hein ?

Alicia Moffet

La pandémie aura quand même été un obstacle à ses ambitions après la sortie de Billie Ave., alors elle essaie d’y aller « une étape à la fois ». Elle apprécie son indépendance nouvelle, dirige toujours sa propre boîte de production, s’est bâti une équipe solide, et a surtout hâte de donner des spectacles – elle devrait se produire dans de nombreux festivals à l’été, dont au Jazz au MTelus le 30 juin.

Que retient-elle de ces mois de turbulences ?

« Je suis fière d’avoir sauté. Tu m’aurais montré ce qui s’en venait, et je pense que je ne l’aurais pas fait. J’aurais dit : ben non, je vais péter au frette, je ne pourrai pas ! Mon bilan, c’est qu’il ne faut pas avoir peur de sauter dans le vide, même si c’est normal d’avoir peur. C’est important de traverser des moments difficiles pour en vivre de plus heureux. »

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