Un Grammy en 2020 et huit Latin Grammy Awards entre 2018 et 2020 pour son album El Mal Querer, lancé alors qu’elle n’avait que 25 ans. Des millions d’écoutes en ligne – plus de 210 millions seulement pour son succès de 2018 Malamente – et de vues sur YouTube – déjà 86 millions pour le clip de l’excellente La Fama, lancé il y a à peine cinq mois, dans lequel elle chante avec The Weeknd. Pas de doute, Rosalía est une des artistes hispanophones de l’heure – artiste tout court, pourrait-on ajouter.

Née en Catalogne il y a 28 ans, Rosalía Vila Tobella a peut-être une formation en flamenco, mais c’est sa capacité de l’intégrer dans la musique actuelle qui a fait sa renommée. El Mal Querer était un modèle du genre, et dans Motomami, qui vient tout juste de sortir, elle pousse encore plus loin son goût pour le mélange des genres et l’expérimentation, mais aussi son affirmation féministe et féminine.

Dans ce troisième album en carrière, où elle chante encore presque entièrement en espagnol, le reggaeton côtoie le flamenco, qui côtoie le trap, qui côtoie les influences japonisantes, la reprise d’un classique de la chanson cubaine succède à une pièce très très explicite, les envolées lyriques très mélodiques n’empêchent pas l’utilisation de l’autotune ailleurs, des paroles hyper contemporaines sont plaquées sur un air flamenco traditionnel, avec les claquements de doigts et toute l’imagerie qui va avec. Il n’y a aucune limite pour la chanteuse, et surtout, aucune frontière qu’elle ne peut traverser.

Motomami indique une forme dualité, moto pour la puissance, mami pour la vulnérabilité. Mais si elle laisse le deuxième aspect s’exprimer quelques fois avec abandon, c’est d’abord avec sa force et sa sensualité sans tabou que Rosalía frappe. Fort.

Motomami

Trap

Motomami

Rosalía

Sony

7/10

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