Avec son électro-pop texturée et sa voix joliment feutrée, La Bronze est de retour avec un nouvel album intitulé Vis-moi, qui sort vendredi. Cinq ans après Les corps infinis, l’artiste multidisciplinaire est toujours en quête de lumière, mais n’a pas peur non plus de regarder le monde en face.

« La noirceur existe dans la société, dans le monde, dans chaque individu », nous dit au téléphone Nadia Essadiqi, qui chante sous le nom de La Bronze depuis huit ans.

« Mais j’ai fait cette belle découverte que lorsqu’on ose la regarder en pleine face, on permet à cette noirceur de se transformer. Il faut avoir le courage de nommer ce qui est injuste, ce qui ne fonctionne pas, ce qui fait mal. Explorer ce qui est moins beau pour le transcender. »

Transformer la noirceur en lumière, donc, mais aussi oser aborder des sujets qui la désolent : le racisme, le sexisme, la masculinité toxique. Si elle en parle dans des chansons, c’est parce qu’il faut « les ramener à la surface du conscient collectif, pour pouvoir s’affranchir de ça, pour que tout le monde puisse vivre une vie juste et équitable ».

La mort bien présente

Chaque chanson a ainsi un thème très clair, explique-t-elle. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer que celui de la mort est très présent tout au long des 12 pièces de l’album – « Je ne veux pas mourir encore / Alors tue-moi avant / Tue-moi / Vis-moi / Tue-moi / Si je vis c’est au paradis en planant », chante-t-elle d’ailleurs sur la pièce titre.

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« Ben oui, hein ? », dit-elle avec un sourire dans la voix. Elle explique. « Je me questionne beaucoup sur ce qui meurt pour revivre et pour mourir encore. Laisser partir ce qui veut partir, oser être un phénix, lâcher prise sur les choses pour faire de la place au nouveau. Alors oui, la mort a été un thème récurrent dans cette optique. »

Ce qui intéresse La Bronze, en fait, ce sont les contrastes. Ainsi, dans Vis-moi, on passe de l’amour à la mort, de l’introspection à l’élévation, du doux à l’explosif.

L’expérience humaine est constituée d’une panoplie de textures, d’émotions, de sensations... J’avais envie de faire un album qui représentait ça.

La Bronze

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S’ajoutent à cela toutes les avenues de son électro-pop, dont elle a choisi l’habillage à l’instinct, selon les besoins de chaque chanson – plus de hip-hop ici, un refrain ultra pop ou un simple piano-voix là.

Multiples collaborations

Et si elle a travaillé avec son fidèle complice, Clément Leduc, et Gabriel Gagnon, de Homy Studio, pour donner de l’homogénéité à l’ensemble, elle s’est surtout nourrie de nombreuses collaborations, parce que chaque rencontre est riche et pleine de surprises : Adel Tayeb Kazi-Aoual et Clément Langlois-Légaré de Clay and Friends avec Sarahmée sur la puissante Adieu, Robert Robert sur la troublante Monument érigé, Gabrielle Shonk et Sean Fisher sur la mouvante Eaux, le rappeur marocain Lmoutchou sur la plus lourde Haram, qui parle de liberté et qui est la seule chanson en arabe de l’album, KNY et Sébastien Blais-Monpetit sur la très pop Briller, qui parle justement de la dépendance au regard des autres, le musicien français Voyou qui vient ajouter ses cuivres sur le refrain planant de Je flottais.

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« C’est exaltant quand la magie pogne, parce que ça crée quelque chose que je n’aurais pas pu faire seule. Leur couleur, ma couleur, le mélange des couleurs est unique. J’aime le partage humain, et un espace pour créer ensemble, c’est vraiment le fun. »

La Bronze continue aussi à travailler comme comédienne – on l’a vue cette saison dans Doute raisonnable – et elle a plusieurs autres projets sur le feu. « Ça fait toujours partie de ma vie, c’est une grosse partie de mon cœur. » Cette semaine, elle est en France pour promouvoir son album qui est lancé en même temps là-bas, elle prévoit des spectacles des deux côtés de l’océan, et elle espère que Vis-moi saura toucher « le plus de cœurs possible ».

« J’espère qu’il connectera les gens à leur essence et à leur vérité, qu’il leur donnera une volonté de justice, d’équité et de bienveillance. De vivre avec fougue leur plein potentiel. »

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Cette quête l’a animée longtemps, d’ailleurs, et elle est un peu le fil conducteur de son œuvre.

« C’est le fun de vivre à la hauteur de ce qu’on est censé être sur Terre. De s’affranchir de ce qui n’est pas tout à fait nous et de goûter pleinement à cette expérience complètement folle d’être un humain », dit-elle.

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