Lisa LeBlanc lancera vendredi prochain Chiac disco, album tonique qui devrait insuffler une bonne dose de pep dans votre printemps. En nous inspirant de ses nouvelles chansons, nous avons jasé avec l’autrice-compositrice-interprète de bubble pandémique, de burn-out, de lâcher-prise et de l’importance de la sarriette dans la cuisine acadienne. Entre autres.

Le retour

Dix ans après son premier opus dont le succès a été foudroyant, Lisa LeBlanc est de retour avec un album en français. Entre les deux, il y a eu deux titres en anglais, de longues tournées qui se sont succédé, puis une sabbatique, une pandémie, et ses débuts à la réalisation – c’est elle qui est derrière le plus récent album d’Édith Butler. « Dix années, j’en reviens pas, nous dit la chanteuse colorée, que nous avons rencontrée dans un café tout aussi coloré. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Voyons, ça fait 10 ans ? Ça feele plus 25 ans, il y a tellement de stuff ! Il y a plein d’affaires que je ne me rappelle plus, surtout les premières années, c’est comme un gros blur… » « Pourquoi faire aujourd’hui c’que tu pourrais faire demain ? », chante-t-elle dans la première chanson, hymne à la procrastination, mais surtout au lâcher-prise – comme tout l’album, d’ailleurs. Ces années d’arrêt auront été salutaires, et elle est aujourd’hui « dans le parfait mindset » pour revenir. « Pour ça, je suis crissement rendue à demain. Il est temps, et j’ai hâte ! C’est ben beau, la semi-retraite, let’s go. »

0:00
 
0:00
 

Le disco

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

« Cet album, il a été fait dans le plaisir », souligne Lisa LeBlanc.

Lisa LeBlanc a décidé de faire un album disco grâce à son alter ego Belinda, la reine du bingo-disco qu’elle a incarnée pendant la pandémie pour s’amuser et amuser ses amis. « J’essayais d’écrire depuis des années et ça ne marchait pas, j’étais bloquée. Belinda a rallumé le “Oh my god, c’est l’fun écrire” ! Alors j’ai décidé de continuer. Ç’a été libérateur big time. » L’essentiel de l’album a été composé en groupe, en improvisant « sur le spot », avec son partenaire, coréalisateur et amoureux Benoit Morier, et Léandre Bourgeois et Mico Roy des Hôtesses d’Hilaire. Une nouvelle méthode pour elle, mais à l’image de Veux-tu rentrer dans ma bubble ?, où le concept anxiogène de bulle pandémique a été transformé en invitation à s’amuser sur un rythme ultra funky, c’est la légèreté dans le travail qui a primé – rire aura été sa manière de se défendre contre la pandémie, dit-elle. « J’avais peur d’écrire sur la COVID, alors cette chanson est plus devenue un truc de party, que je vais avoir encore envie de chanter dans cinq ans. Cet album, il a été fait dans le plaisir : la compo, le studio, sortir de nos pantoufles, c’était l’fun. Je n’ai pas de misère à le défendre parce que j’ai juste adoré cette expérience. »

0:00
 
0:00
 

Le patchwork

Chiac disco est un patchwork endiablé où une chanson de rupture ironique côtoie une délicieuse pièce funk et « foodie » dans laquelle elle décline un menu typique acadien. On s’informe : la sarriette est vraiment l’herbe de base des Acadiens ? « Oui ! » Elle rit. « Notre entrevue, c’est très sérieux ! » Il y a aussi des arrangements de cordes somptueux et une profusion de cuivres qui déménagent. « J’ai beurré, j’ai ben beurré. Mais quand tu écoutes les grosses productions disco, ça n’a aucun bon sens, il y a tous les instruments du monde sur un recording ! C’est tellement produced. Mais j’aime ça, les trucs over romantico trop dramatiques ! » Lisa LeBlanc a troqué son banjo pour un solo de sax, question de ne pas devenir une caricature d’elle-même – « Tu m’avais dit il y a cinq ans que j’aurais un solo de sax dans une toune, j’aurais dit es-tu malade, j’haïs ça ! » –, mais elle est au fond toujours la même créatrice, qu’on peut reconnaître dans sa manière d’écrire et de chanter. « Mon banjo n’est pas mort, je l’ai juste serré pour cet album, parce que je ne le feelais pas », dit la chanteuse, qui aime bien les artistes qui osent emprunter de nouvelles directions, que ce soit Beck ou Daniel Bélanger. « Si c’est sincère et authentique, moi j’embarque. » Et c’est le même chemin de l’authenticité qu’elle a emprunté, « sans bullshit ». « Oui ! J’aime tellement ce style. C’est un élan de folie, une grosse liberté. »

0:00
 
0:00
 

Le chiac

Si le retour au français s’est imposé pour cet album, c’est parce que Lisa LeBlanc ne voyait pas ce qu’elle pouvait ajouter au disco en chantant en anglais. « Je me disais que ce serait plate. Par contre, si je débarque avec du chiac, c’est nouveau ! Et ça fait super naturel, avec l’accent et les tournures qui groovent, ça flow bien. Les mots sont faciles à sortir avec la musique, ça marche. » Associer une langue issue d’un milieu rural à un style « super glam » l’a aussi beaucoup amusée. « Ce n’est pas un mix qui devrait se faire ! Chanter Gossip, avec de grosses expressions chiac sur du James Brown, je trouve ça awesome. » La « petite fille des bois » de Rogersville n’est jamais loin, et ses racines acadiennes restent fondamentales – elle a eu l’occasion d’y replonger beaucoup pendant la pandémie, qu’elle a passée surtout au Nouveau-Brunswick. « Écouter mes matantes, mes mononcles, ma grand-mère parler, raconter des vieilles histoires ou conter la gossip du village, c’est ma chose préférée dans le monde. Ç’a été super inspirant. »

0:00
 
0:00
 

La mélancolie

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Pour Lisa LeBLanc, l’écriture a un côté thérapeutique.

Même si l’album est porté par le goût du plaisir partagé, il y aura toujours un côté de Lisa LeBlanc plus mélancolique. Une chanson d’amour tout en douceur et en sérénité (Me semble que c’est facile), par exemple, ou la très poignante Entre toi pis moi pis la corde de bois, qui décrit bien la sensation de dérive d’un burn-out. « Je voulais de la profondeur, explique-t-elle. Écrire, c’est thérapeutique. J’ai toujours rajouté de l’humour, du up-tempo, pour passer un message plus dark que j’aurais de la misère à dire every day. Ça dédramatise le côté sombre, surtout que je ne veux pas avoir l’air d’une victime. Cette chanson, elle raconte un moment difficile, une dépression, et pour moi, c’est la meilleure façon de l’exprimer. »

0:00
 
0:00
 

La suite

Lisa LeBlanc sera « dans l’jus » au cours des prochains mois, avec une grosse tournée qui démarre dès la fin de mars. « Oh shit, ça y va ! Je regarde mon agenda, et mes deux prochaines années sont déjà basically décidées… C’est kind of wild, mais on a dosé. J’écris des tounes de burn-out, alors à un moment donné, on apprend. » Dans son cas, c’est même deux burn-out qu’elle a faits, et elle s’est donné les moyens avec son équipe de ne pas retomber dans le même tourbillon incontrôlable. Elle constate d’ailleurs que l’industrie est plus consciente des enjeux de santé mentale, et que les artistes en parlent davantage. « Il faut sortir du cycle de l’over productivité, il y a un grand mouvement en ce sens. » Pas pour rien que l’album est un appel à ralentir le tempo et à « enjoyer » les plaisirs simples de la vie. « Mais sans avoir l’air gourou, j’haïs ça. Les shows, j’ai vraiment hâte, surtout en ce moment où tout le monde est divisé, c’est tellement triste, c’est épouvantable. C’est un espace où on est tous là pour la même raison, la musique. Vous me faites du bien, et hopefully je vous fais du bien, et c’est magical. » Y aura-t-il une boule disco géante ? « Non, mais il y aura des outfits. [Rire] Et un décor pas pire. Pis des capes. En tout cas, je dis juste ça. »

0:00
 
0:00
 
Chiac disco

Disco

Chiac disco

Lisa LeBlanc

Bonsound
En vente vendredi prochain