L’artiste et activiste russe Nadya Tolokonnikova, membre des Pussy Riot, groupe punk féministe, s’en prend vertement au président russe Vladimir Poutine dans la foulée de la guerre en Ukraine.

« On ne peut pas agir gentiment avec Poutine. Il est fou. Il pourrait ouvrir le feu sur son propre peuple », a-t-elle déclaré dans une entrevue au journal The Guardian publiée mercredi.

Sachant mieux que quiconque que ses paroles pourraient lui nuire, la femme de 32 ans se trouvait dans un endroit tenu secret lorsqu’elle s’est entretenue avec la journaliste Zoe Williams du quotidien britannique.

En 2012, Mme Tolokonnikova avait été reconnue coupable de hooliganisme et emprisonnée durant deux ans pour avoir prononcé une prière punk dans laquelle elle implorait la Vierge Marie de chasser Vladimir Poutine du pouvoir dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.

Depuis sa libération, elle a constamment été surveillée et freinée dans ses mouvements. Le 30 décembre 2021, la Russie désignait l’artiste et collectionneuse d’art comme « agent étranger », autre façon de restreindre ses libertés.

« Poutine a signé une loi condamnant à 15 ans de prison quiconque évoque une guerre en Ukraine. On doit appeler ça une opération militaire spéciale », dénonce-t-elle.

Depuis le début de l’invasion, le 24 février, elle et des proches ont recueilli des fonds pour les Ukrainiens. Tout en se disant « en panique » et « pleurant tous les jours », l’artiste dénonce le double discours des dirigeants et gens d’affaires de l’Ouest qui continuent à parler affaires avec la Russie.

Elle rappelle avoir de son côté donné l’exemple, allant jusqu’à faire la grève de la faim par convictions. « Lorsqu’on combat un dictateur comme Poutine, on doit montrer aux autres qu’on est prêt à mourir. Et je l’étais. »

Lisez l’entrevue dans The Guardian