(Paris) Le septième album de Metronomy s’appelle Small World mais ne manque pas de largeur de vue : la pop lumineuse des Britanniques se nourrit d’une sérénité nouvelle, cultivée face aux épreuves de la pandémie.

Il ne faut pas se méprendre sur le single sorti en éclaireur, It’s good to be back. Avec ses synthés années 1990 et hédonistes, la chanson sera accueillie devant les scènes par le public comme une célébration de la reprise des concerts.

« Mais en fait je l’ai composée en pensant à la joie d’être de retour à la maison (rires), j’ai réalisé ensuite qu’il y aurait cette idée de retour des tournées », explique à l’AFP Joseph Mount, leader et architecte du son de Metronomy, lors d’un entretien en visioconférence.

Celui que tout le monde appelle de son diminutif « Joe » a trouvé le bon équilibre entre la vie en tournée et le cercle familial (une femme française, deux enfants de 7 et 9 ans).

Mais ce Small World, qui sort ce vendredi, ne résume pas seulement l’univers de l’homme à tout faire de Metronomy qui écrit les paroles et compose les musiques dans son studio d’enregistrement. Des mélodies qu’on retrouve au passage plus tard samplées, comme chez le rappeur américain Danny Brown, remixées sous les doigts, par exemple, du DJ londonien Erol Alkan ou reprises, comme par Clara Luciani en France.

Ce « Petit monde » est aussi rempli des leçons apprises durant les confinements. « Un des bons côtés de la crise sanitaire, c’est de réaliser qu’on peut être heureux chez soi, qu’on n’a pas besoin de consommer, d’acheter des trucs tout le temps ». Dans le morceau Love Factory, on entend « achetons une nouvelle voiture », quête bien dérisoire au moment de faire le bilan d’une vie comme l’évoque le reste des paroles.

« Pas peur de vieillir »

CAPTURE D’ÉCRAN

Small World de Metronomy

Les thèmes de Small World ont été induits par une planète placée à l’arrêt par la COVID-19. « C’est l’idée de ce petit monde, on nous répète qu’il y a des milliards de personnes sur terre, mais on se rend compte avec la pandémie que tout le monde vit la même chose en même temps », développe le chanteur et guitariste. « Et c’est pareil pour le changement climatique, tout le monde le subit, que ce soit nous, nos proches et le reste du monde ».

L’idée de fin — du monde, de l’existence — parcourt le disque qui n’est pas sombre pour autant, que ce soit dans la forme (on y entend des échos de David Bowie, sur Love Factory, ou The Cure, sur Hold me tonight) ou dans le fond. Il y a juste cette acceptation que tout a un début et une fin et qu’il faut savoir capturer le moment.

Comme la photo de la pochette. « Ce n’est pas mon jardin, c’est le jardin communal de là où j’ai grandi, aujourd’hui c’est plus sauvage, plus personne ne s’en occupe, cette photo c’est quand il était au top et c’est ma mère qui l’a prise », éclaire Joe.

Mais nulle nostalgie ni peur de l’avenir. « J’arrive à 40 ans cette année, mais je n’ai pas peur de vieillir, je vois que j’observe mieux les choses », ajoute l’artiste affable et ébouriffé.

« J’arrive dans un nouveau cycle, je suis plus à l’aise pour parler de tous les sujets, que ce soit dans mes textes et avec mes enfants. Il faut savoir parler de tout avec eux, sinon certaines choses vont devenir complexes à leurs yeux », conclut-il.