Tantôt luxuriante, tantôt délicate et sobre, imposante, mais également chargée d’une élégante finesse : la nouvelle offrande d’Alt-J est la fabuleuse évolution d’un groupe déjà remarquable.

The Dream, premier album des Britanniques Alt-J depuis Relaxer, en 2017, n’est pas leur disque le plus facile d’écoute. Pourtant, des pièces comme U & ME, une fable aux détails Radiohead-esque, ou Get Better, une parfaite ballade folk, ont l’autorité de persuader bien des gens du génie d’Alt-J.

Aussi, il suffira aux admirateurs de longue date de lancer la première pièce de cet album de 50 minutes pour être rassurés dans leur affection pour le groupe. C’est une promesse. La chanson Bane englobe tout ce que ces musiciens font de mieux, tout en offrant une nouvelle couleur, qui se déploie au fil du disque.

On a encore affaire à ces guitares omniprésentes, mais jamais envahissantes, à ces tonalités brumeuses, à la voix nasale envoûtante de Joe Newman, à l’intervention toujours bien calculée des cordes, à ces va-et-vient entre l’indie-rock, l’art et l’électro-folk.

Et pourtant, aucun doute, l’offre d’Alt-J n’est plus vraiment la même. Elle n’a jamais cessé d’évoluer, doucement, depuis le fantastique premier album, An Awesome Wave, et cette fois, c’est pour le mieux. Plus généreux et moins lugubre, The Dream atteint un ravissant équilibre sur le plan tant des mélodies que de la production.

Les Britanniques ont également adopté une approche plus personnelle pour les textes, un tournant rafraîchissant. On a tout de même droit à des récits fictifs comme Alt-J sait si bien le faire, par exemple dans la captivante Philadelphia (elle aussi très Radiohead-esque), tout simplement magistrale.

Dans un texte du Rolling Stone où le trio discute de ce « chef-d’œuvre » (les mots sont du journaliste, que nous ne contredirons pas), on mentionne une citation de leur gérant : Alt-J est le plus grand band dont personne n’a entendu parler. C’est ce qui le rend si précieux. Ces musiciens sont uniques et formidables, mais évoluent dans une voie parallèle à celle du mainstream. On aime la musique d’Alt-J comme on aime un plat aux saveurs indéniablement savoureuses, mais difficiles à décrire. Il faut y goûter pour vraiment comprendre.

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The Dream

Rock indépendant

The Dream

Alt-J

Atlantic

8/10