Cure avait cartonné en Europe comme au Québec, il y a trois ans, et l’effet de surprise pesait lourd dans un espace électro-hip-pop laissé quasi vacant par le Belge Stromae.

Eddy de Pretto disposait donc d’une arme en moins pour son deuxième disque, À tous les bâtards, dédicacé aux marginaux et aux « puckés ». Pour pousser la création, la coqueluche française a choisi de pousser la note – « ouh ouh ouh » et autres voyelles allongées – et de faire planer les claviers. Décidément, le chanteur de 27 ans a écouté beaucoup de Frank Ocean et de James Blake dans les derniers mois.

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On le préfère dans le mitraillage, à la frontière du rap, comme sur la nostalgique Créteil Soleil, centre commercial de sa ville natale, ou dans les couplets de l’explicite À quoi bon ?. « Moi je côtoie tous les drugstores et les rapstars des squats nords où on n’connaît pas ses limites, toutes les drogues fortes ne prennent pas d’cuites. » Côté textes s’estompent alors les comparaisons d’usage – et dangereuses – avec Brel, Barbara, Brassens, Nougaro et autres intouchables.

Parce que, oui, Eddy de Pretto maîtrise le verbe, mais il préconise les allitérations et les formules-chocs, plutôt que l’économie de mots et les élans poétiques. Malgré quelques agacements, que ce soit les passages « premier degré » ou des sonorités soul et pop un peu plaquées, les récits de l’auteur-compositeur font écho et honneur à une jeunesse multiple, qui tourne le dos aux modèles uniques. Vive les « bâtards » !

IMAGE FOURNIE PAR UNIVERSAL MUSIC FRANCE

Pochette de l’album À tous les bâtards, d’Eddy de Pretto

Chanson-pop-électro-rap
À tous les bâtards
Eddy de Pretto Universal Music France
★★★½