Le mois dernier, Milky Chance a dévoilé Trip Tape, une collection de chansons originales, de reprises et de démos, qui ferait la bande-son idéale d’un road trip. La Presse a discuté avec le duo allemand, de passage à Montréal.

« Ce projet était très spontané. L’an dernier, nous sommes allés au studio tous les jours parce que notre tournée [Mind The Moon] avait été annulée. On a vraiment aimé faire de la musique sans horaire. On se sentait très libres », raconte le chanteur à la voix éraillée Clemens Rehbein.

Trip Tape est un album purement récréatif, un projet de pandémie, pour reprendre l’expression galvaudée. Confinés à Berlin, Clemens et Philipp Dausch, l’autre moitié de Milky Chance, l’ont enregistré sans prétention, pour le simple plaisir de créer.

Le résultat, dévoilé le 3 novembre dernier, est un pot-pourri de chansons originales, dont la pièce maîtresse Colorado, de reprises de succès tels que Save Your Tears de The Weeknd, en plus de démos et de remixes. Dans le cadre de sa tournée nord-américaine, les interprètes de Stolen Dance présenteront leur nouveau matériel et le meilleur de leurs derniers albums jeudi soir, au MTelus.

En studio, la paire ne s’est posé aucune limite. Elle a chanté en espagnol (sa troisième langue après l’allemand et l’anglais) sur le succès reggaeton La Noche De Anoche de Rosalía et Bad Bunny et s’est mesurée au classique Tainted Love de Soft Cell, qu’elle a repris à sa sauce indie électronique.

« On avait envie de montrer ce qu’on avait fait en studio dans la dernière année, sans planifier une énorme campagne. On s’est dit qu’une mixtape serait amusante, moins sérieuse qu’un album », explique Clemens, qui prépare déjà avec son complice le prochain opus.

Une promesse de liberté

Il y a toujours eu une association naturelle entre Milky Chance et les road trips. Trip Tape n’y fait pas exception. Il est une promesse de liberté. Un album qui s’écoute sur une autoroute déserte, les fenêtres baissées.

« Lorsqu’on a créé Milky Chance, il y a huit ans, des voyageurs aux quatre coins du monde nous écrivaient pour nous dire qu’ils écoutaient notre musique. On se fait souvent dire qu’on a été la bande sonore de tel ou tel voyage. »

Avec la pandémie, l’envie de s’évader s’est faite d’autant plus forte. Et l’idée d’une mixtape tombait sous le sens pour le duo. Sur YouTube, vous pouvez d’ailleurs le voir interpréter Trip Tape dans son véhicule sillonnant les rues de Berlin.

« La musique réveille beaucoup de souvenirs », argue Clemens. Pour lui, c’est un album obscur du groupe texan Khruangbin. Quelqu’un avait laissé son disque dans la caravane que Philipp et lui avaient louée en Nouvelle-Zélande après un concert, en 2015.

« On ne savait pas ce que c’était, mais on ne pait pas faire autrement que d’écouter ça ! Finalement, c’était vraiment de la bonne musique et maintenant, chaque fois que j’entends ces chansons, je pense à ce voyage. »

Rouler vert

Après tous ces mois en studio, Milky Chance comptait les jours avant de reprendre la route. Mais une tournée, c’est aussi l’activité la plus polluante d’un artiste. Et au cours des dernières années, la paire allemande a pris un virage vert, documenté sur son blogue Milky Change.

Pour compenser son kilométrage, le duo rencontrera des organismes environnementaux dans les villes visitées, apprendra sur leur travail et leur prêtera main-forte. Depuis 2019, les deux artistes comptent aussi dans leur équipe une experte du développement durable, Makii, qui les guide dans leurs décisions. Est-ce que c’est assez ?

« Disons que c’est très compliqué et qu’il y a beaucoup de choses à faire. Nous sommes musiciens, nous voulons faire de la musique. C’est notre raison d’être. Mais nous avons aussi pris conscience de notre responsabilité. Il y a tant de choses à faire et on ne peut pas les faire seuls », conclut Clemens.

Milky Chance sera au MTelus Montréal le jeudi 2 décembre à 20 h.

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