Le pianiste Alexandre Tharaud s’est surtout démarqué comme interprète de musique française baroque (Rameau, Couperin, etc.) ou moderne. Ses intégrales de la musique pour piano seul de Ravel et de la musique de chambre de Poulenc font autorité. Mais le musicien avait aussi agréablement surpris avec un disque consacré à Rachmaninov il y a cinq ans. Le revoici avec un nouvel opus bien ficelé consacré à Schubert chez Erato.

Le programme est original : entre deux jalons du catalogue pour clavier schubertien, les Impromptus, D. 899, et les Moments musicaux, D. 780, sont intercalées quatre transcriptions d’extraits du ballet Rosamunde réalisées par Tharaud lui-même (magnifique Ouverture !). Le très connu (les Impromptus particulièrement, fort prisés des jeunes pianistes) côtoie ainsi le relativement inédit.

Qu’a donc à apporter le musicien français à une discographie déjà pléthorique ? Le Schubert d’Alexandre Tharaud n’est pas un Schubert rêveur, comme celui de Claudio Arrau ou, plus récemment, de Philippe Cassard. Le discours est toujours volontaire. Le premier Impromptu en témoigne, dont l’indication « molto moderato » semble avoir été biffée par le musicien au bénéfice de celle d’« allegro ».

On entend un Schubert à la manière volubile des clavecinistes français. Ce qui n’exclut pas (et implique même) des instants de pure suspension, comme la reprise du refrain dans l’Impromptu no 3 ou dans le Moment musical no 2.

Tharaud ne fait pas du « gros » piano. Dans le turbulent Moment musical no 5, le pianiste privilégie la légèreté quand d’autres sortent leurs gros sabots. Dans le no 3 du même cahier, il préfère le chant au côté pétillant que d’autres accentuent.

Le pianiste nous dévoile à l’occasion des recoins moins connus de ces partitions, notamment à la main gauche, soulignant là des croches que la plupart des interprètes dissimulent dans le brouillard de la main droite (Impromptu no 3), là d’intéressants staccatos (Moment musical no 4).

Le disque a été enregistré en mai dernier à la Siemens-Villa, à Berlin, sur un magnifique Steinway. La prise de son, assez proche, peu toutefois agresser dans certains forte.

Un Schubert tonique à acquérir en complément des versions de référence d’Alfred Brendel.

Schubert – Impromptus D899 Moments musicaux D780

Musique classique

Schubert – Impromptus D899 Moments musicaux D780

Alexandre Tharaud

Erato

8/10