Georges Brassens aurait eu 100 ans cette année. Son héritage chansonnier sera célébré au printemps 2022 au Québec par un spectacle intitulé Les polissons de la chanson, mis en scène par Alice Ronfard, avec Michel Rivard, Valérie Blais, Luc De Larochellière, Saratoga et Ingrid St-Pierre.

Qu’il parle d’amour ou d’idées, Georges Brassens a souvent un petit quelque chose de « délinquant », juge Alice Ronfard. D’où son enthousiasme lorsqu’on lui a proposé de diriger un spectacle consacré aux chansons de l’artiste disparu il y a 40 ans cette année. Et son envie de mettre l’accent sur « les chansons un peu irrévérencieuses de monsieur Brassens ».

Le spectacle s’intitulera Les polissons de la chanson, clin d’œil à la chanson Le pornographe, et réunira Michel Rivard, Ingrid St-Pierre, Saratoga, la comédienne Valérie Blais et Luc De Larochellière. Autour d’eux, un trio de musiciens aguerris : François Lalonde (batterie), Mario Légaré (basse) et Yves Desrosiers (guitare).

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La metteure en scène Alice Ronfard

Le titre est bien sûr aussi une référence aux sous-textes des chansons de Brassens qui, sous des dehors parfois inoffensifs, recèlent d’entourloupettes grivoises et de peintures sociales ironiques qu’il livre de sa manière pince-sans-rire. Ce qui lie tout ça, cependant, c’est une chaleur humaine, que la metteure en scène a envie de souligner en travaillant sur l’idée de « camaraderie ».

Il est encore très tôt dans le processus de création, mais Alice Ronfard songe notamment à créer une atmosphère conviviale où, plutôt que de se retirer en coulisses une fois leur numéro terminé, les artistes passeront un maximum de temps sur scène. Ils pourraient ainsi s’appuyer les uns les autres, voire se partager des textes.

Un trésor de mélodies

Valérie Blais se réjouit de renouer avec des airs qu’elle a connus enfant et qui lui sont rentrés dans la tête « comme des comptines ». « Ce sont des mots qui sont le fun à dire, pas juste à chanter, estime la comédienne, qui ressent un grand besoin de poésie depuis le début de la pandémie. C’est de la gymnastique, c’est très serré. »

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Valérie Blais, que l’on peut voir dans la série Nuit blanche, chantera Brassens.

Elle a vu Brassens en spectacles deux fois en France lorsqu’elle était petite. « Il était très simple. Il avait quelque chose qui me faisait penser à Félix Leclerc. Je l’ai vu dans une grande salle et une plus petite. C’était la même chaleur, se rappelle-t-elle. J’ai le souvenir d’un monsieur assez timide aussi. Ce n’était pas un entertainer. »

« Ce n’est pas un chanteur émotif, Brassens. Il reste narrateur de ses chansons, il ne les joue jamais », souligne aussi Michel Rivard, qui a redécouvert son œuvre grâce à son ami Maxime Le Forestier. Il se souvient d’avoir entendu ses parents rigoler en écoutant Le gorille quand il était enfant, sans comprendre pourquoi, mais s’était plutôt plongé dans les Beatles et le folk américain à l’adolescence.

« Dans ma tête, c’était uniforme, monocorde, raconte-t-il, en caricaturant le ton et le rythme d’une chanson de Brassens. Un one trick pony, comme on dit en anglais. Et ce n’est tellement pas ça ! J’ai découvert un trésor de mélodies absolument incroyable. » Ainsi, depuis le milieu des années 1970, il revient avec plaisir vers l’œuvre de Brassens. Il a même enregistré La princesse et le croque-notes sur son disque Le goût de l’eau… et autres chansons naïves.

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Michel Rivard

Se pencher sur l’œuvre de Brassens, c’est inévitablement se poser des questions. Ses chansons d’amour, même les moins polissonnes, témoignent d’un art d’aimer d’un autre siècle où une fille qui dit non dit un peu oui, en somme… « Il faut y penser », concède d’emblée Alice Ronfard qui, lors du tri, a déterminé que certaines chansons « ne passaient pas ».

« En même temps, Brassens, c’est sûr qu’il y a des chansons misogynes, mais ce n’est pas tout son répertoire qui est comme ça », précise-t-elle. Cette approche nuancée est aussi adoptée par Valérie Blais et Michel Rivard, qui envisagent Brassens comme un homme de son époque. « Il y a une tendresse et un amour de la femme chez Brassens que je trouve remarquables », souligne par ailleurs Michel Rivard.

Ce spectacle « irrévérencieux » se permettra-t-il de l’être à l’endroit même du personnage qu’il célèbre ? Ce sera à voir au printemps : Les polissons de la chanson débute le 20 avril à Sainte-Geneviève, dans l’ouest de l’île de Montréal. La petite tournée prévue pour le moment doit se poursuivre jusqu’en juin.