Radio Radio n’avait pas proposé de disque en français depuis Ej Feel Zoo, album aux saveurs électro-dance lancé en 2014, deux ans après le plus expérimental Havre de Grâce. Aucun de ces disques n’a toutefois eu l’impact de Belmundo Regal, qui avait permis au duo acadien de voir son nom parmi les finalistes au prix Polaris, remis au meilleur album canadien de l’année. Radio Radio avait donc besoin de carburant neuf, les vapeurs de 2010 s’étant pratiquement évaporées.

Avec À la carte, Gabriel Louis Bernard Malenfant et Jacques Alphonse Doucet retournent puiser du côté « old school » du hip-hop, ils assument même au point de le chanter dans la pimpante Uptown. Sur Tellement dope, le duo va un peu loin en se dédouanant des nouvelles tendances trop souvent éphémères : « C’était ça qu’on t’avait dit, c’était ça que t’avais cru », rappe Malenfant.

Pour les cyniques et lucides Es-tu paré – « moi j’ai jamais dit à personne que j’étais un saint » – ou Phoque avec un ballon – « tu penses que j’ai un accent, tu penses que t’en as pas ? » –, on sourit aussi à l’écoute de quelques perles décalées dans Over the Top – « j’aime ça comme les cheezy balls des films dans les eighties, Sylvester Stallone avec les 18 wheelers » – ou certains passages bien caustiques de Bitcoin Blow Up – « Sur mon money-clip, j’ai showé up mon cash, après que la soirée est finie, j’ai perdu tout mon cash, ah ! ».

Les textes de Jacobus et de Gabriel ne toucheraient toutefois pas leur cible sans l’écrin rythmé concocté avec soin par Jeff Marco Martinez Lebron – le génial beatmaker mieux connu sous le nom de Realmind et notamment un proche collaborateur de Loud. Aussi, on s’en voudrait de passer sous silence la contribution essentielle de François-Simon Déziel, de Valaire et Qualité Motel ; c’est en effet la basse funky de France Basilic qui dicte le groove de l’album, assez pour hisser À la carte dans le top 3 de la discographie de Radio Radio.

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7/10