Charlotte Cardin vient de lancer sa tournée américaine, qui la mènera de New York à Los Angeles. Une occasion pour elle de s’établir encore plus sur la scène mondiale. La Presse a suivi la Montréalaise à New York afin de témoigner de son ascension internationale.

(New York) Jeudi après-midi, à Brooklyn, la marquise du Music Hall de Williamsburg annonce en grandes lettres le concert sold out de Charlotte Cardin. La salle de 650 places du quartier branché new-yorkais est encore presque vide à notre arrivée, mais déjà, sur scène et dans les coulisses, l’équipe de la chanteuse prépare le spectacle de ce soir.

Vers 15 h 30, Charlotte arrive à son tour. Dans une tenue entre le décontracté et le chic – chandail en coton ouaté, jean et chaussures Stan Smith rehaussés de bijoux dorés –, elle prend le temps de contempler les lieux. Un « holy shit » bien senti témoigne de son enthousiasme en découvrant la salle pour la première fois.

Le Music Hall, qu’elle nous décrira plus tard, avec raison, comme une « salle qui s’apparente au Club Soda », est l’endroit idéal pour lancer sa tournée de cinq spectacles aux États-Unis. « C’est le genre de salle où tu peux créer des moments intimes, mais où on sent aussi cet effet de foule. Ça fait longtemps qu’on a joué un show comme ça », nous dit l’auteure-compositrice-interprète.

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Charlotte Cardin et Marco Royal avant le spectacle

Avant ses tests de son, Charlotte nous accueille dans sa loge pour discuter de ce moment important. « On avait hâte à ce jour depuis des mois. On est tellement contents que ce soit enfin arrivé », dit-elle.

La route lui a manqué. Il y a quelques années, ses musiciens et elle étaient constamment en tournée. « Quand on a arrêté, on n’était plus capables, on était épuisés », raconte-t-elle avec une sincérité qui teintera tous nos échanges. « Mais quand la pandémie a frappé, ça faisait déjà un an et demi qu’on n’avait pas tourné. Après cette longue pause, on avait juste tellement hâte de se retrouver. »

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Charlotte Cardin dans sa loge

Exposer le talent

Pour ce circuit de spectacles américains, « on a une petite équipe », explique Charlotte. À New York, le comité réduit se compose de ses deux musiciens, Mathieu Sénéchal et Benjamin Courcy, de son technicien de son, Francis Major, de son gérant de tournée, Marco Royal Nicodemo, et de ses deux agents de Cult Nation, Laurie Chouinard et Jason Brando, son grand complice créatif.

Ces deux derniers sont les artisans d’une opération bien ficelée pour mener Charlotte Cardin vers les plus hauts sommets. Ce n’est pas par chance que la Montréalaise se retrouve sur scène à New York, Philadelphie, Washington et Los Angeles ces jours-ci.

La place qu’elle est en train de se tailler, elle la doit principalement à son talent, soulignent ses agents, mais aussi à un plan qui demande beaucoup d’efforts et de logistique.

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Charlotte Cardin et des membres de son équipe, Marco Royal, Mathieu Sénéchal et Benjamin Courcy.

Depuis le lancement de son premier album, Phoenix, le printemps dernier, les portes s’ouvrent de plus en plus dans la carrière déjà prometteuse de Charlotte Cardin. Le disque s’est vite classé au premier rang du palmarès canadien à sa sortie. « Être numéro un dans l’un des sept territoires les plus importants, ça facilite le storytelling pour présenter l’artiste à l’international », explique Jason Brando, fondateur de la maison de disques et de gérance Cult Nation. « Cet album, c’est une carte de visite en or. »

Le succès phénoménal au Québec n’est pas encore égalé par celui au-delà de nos frontières, bien que l’engouement y soit palpable. « Elle a des fans aux États-Unis, donc le but [de la tournée] est surtout d’aller les voir et de prendre contact avec eux », affirme Brando.

« Charlotte a ce naturel dans la voix qui, d’un point de vue presque biologique, fait lever le poil. Elle a la capacité d’aller chercher beaucoup d’émotions sans faire beaucoup d’efforts, et ça, c’est très rare, ajoute-t-il. Elle offre un mélange entre l’hypersensibilité et une capacité à être rusée dans ses textes. »

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Charlotte Cardin découvre la salle du Music Hall de Williamsburg

Du plus petit au plus grand

La pause forcée par la pandémie a mis des bâtons dans les roues de l’artiste, dont les visées hors Québec ont été ralenties.

On ne recule pas, mais on est un peu au même stade qu’il y a trois ans. Pour développer un nouveau territoire, il faut être présents sur place, et là, ça n’a pas été possible.

Laurie Chouinard, coagente qui travaille sur le projet de Charlotte Cardin depuis 2018

Aux États-Unis, après avoir fait des premières parties il y a quelques années, puis une tournée de petites salles en solo, on en est maintenant à briguer de plus grandes scènes. On reviendra ensuite à la charge avec des participations à des festivals. « C’est un travail en continu, c’est vraiment étape par étape », dit Laurie Chouinard.

Admirateurs dévoués

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Dernier test de son avant le spectacle

En fin d’après-midi, avant d’échauffer sa voix et de fignoler les derniers détails du spectacle, Charlotte nous confie que la création du deuxième album est déjà bien entamée. Si la confection de Phoenix a été un processus volontairement plus lent, il n’est pas question de faire attendre le public trop longtemps cette fois.

« On a passé tout l’été en studio et on va peaufiner ça en décembre avant de reprendre la tournée, dit-elle, tout en se préparant un thé dans sa loge. Il ne se passera pas trois ans et demi avant le prochain ! On n’a pas fini, mais je suis vraiment contente de ce qu’on a. » En attendant, elle a fait paraître vendredi l’édition deluxe de Phoenix, sur laquelle on retrouve sept nouvelles chansons, dont deux qu’elle présente en spectacle.

Dans la foule pendant le concert à Brooklyn, on a chanté à l’unisson les paroles de Scorpio Season, extrait paru il y a trois semaines seulement. D’ailleurs, le public new-yorkais connaissait les mots de toutes ses pièces. Aucun doute, Charlotte Cardin a un public dévoué, même de ce côté de la frontière.

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Le spectacle de Charlotte Cardin affichait complet jeudi dernier, à Brooklyn.

Devant le Music Hall de Williamsburg, près de cinq heures avant que la chanteuse ne monte sur scène, des admirateurs faisaient la queue. Les Américaines Phoebe et Olivia tenaient à être dans la première rangée. « Je l’ai découverte quand elle faisait la première partie de Oh Wonder, en 2017 », dit Olivia, administratrice d’un compte Instagram voué à la chanteuse. La jeune femme est venue de Philadelphie pour assister au concert de New York et compte la suivre pour les deux autres concerts de la fin de semaine sur la côte Est.

Phoebe, elle, a conduit de Boston pour revoir Charlotte Cardin sur scène. « J’avais entendu sa chanson de La voix sur une liste de lecture en 2015 et je suis allée la voir à New York la dernière fois qu’elle est venue, raconte-t-elle. Ça faisait longtemps que j’attendais qu’elle revienne. » Ce qui lui plaît dans l’œuvre de la Montréalaise ? « Sa voix, sa présence sur scène, ses paroles et le fait qu’elle est douce, authentique, agréable, dit-elle, toute souriante. J’aime tout ce qu’elle fait. »

Plus tard dans la journée, nous croisons un groupe de quatre Québécois, de passage à New York pour assister au concert. « On l’adore, on est de grands fans », lance Céleste Brouillard. « On l’a vue à Osheaga, et le lendemain, on a décidé d’acheter des billets pour New York », ajoute Mathieu Roy, juste avant d’entrer dans la salle.

Le spectacle de Charlotte Cardin en images
  • Charlotte Cardin au Music Hall de Williamsburg, jeudi dernier.

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    Charlotte Cardin au Music Hall de Williamsburg, jeudi dernier.

  • Charlotte Cardin en spectacle

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    Charlotte Cardin en spectacle

  • Charlotte Cardin en spectacle

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    Charlotte Cardin en spectacle

  • Charlotte Cardin en spectacle

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    Charlotte Cardin en spectacle

  • Charlotte Cardin en spectacle

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    Charlotte Cardin en spectacle

  • Charlotte Cardin en spectacle

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    Charlotte Cardin en spectacle

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L’heure du spectacle

Dès que sonne 21 h, Charlotte monte sur scène et entonne les premières notes de Passive Aggressive – le simple qui a lancé l’« ère Phoenix », fin 2020. La clameur de la foule, compacte et agitée, retentit. Le public new-yorkais accueille Charlotte Cardin avec une formidable ferveur.

Sur scène, la chanteuse est magnétique. Sa voix ne dérape jamais, elle impressionne par les notes qu’elle atteint, toujours avec justesse. Sa dégaine en jette, c’est une bête de scène, une vraie, mais sans démesure. Elle présente de nouvelles chansons, retourne aussi à d’anciennes pièces. En milieu de spectacle, ses fans lui chantent Happy Birthday ; c’était son anniversaire le 9 novembre, et elle s’offre un cadeau inoubliable.

Au moment d’interpréter Sun Goes Down (Buddy), en version acoustique, elle donne la preuve de ce que Jason Brando disait d’elle plus tôt : ça donne la chair de poule, on sent le frisson collectif qui traverse l’auditoire. Anyone Who Loves Me, en version piano-voix, fait durer ce moment.

La chanteuse est aussi capable d’offrir des moments électrisants, comme lorsqu’elle empoigne sa guitare durant le morceau Phoenix. À ses côtés, ses musiciens sont aussi solides qu’elle. Après Meaningless, le rappel tapageur les fait revenir pour deux autres pièces.

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Charlotte et son équipe se regroupent après le spectacle.

Travail payant

Lorsqu’elle sort de scène, Charlotte est sollicitée de tout bord. Des rencontres plus officielles avec des artisans de l’industrie, une entrevue avec Twitch, qui diffusait le concert en direct, puis le moment de célébration avec ses collaborateurs et amis. Tout le monde est aux anges. Dans la petite loge du Music Hall, on se donne l’accolade et on se félicite.

« On est vraiment sur un high », nous dit Charlotte, quelques instants après sa performance.

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Charlotte Cardin après le spectacle

 C’était tellement rempli d’énergie ! Honnêtement, j’ai rarement eu tant de fun que j’en ai eu ce soir. La réaction de la foule était au-delà de nos espérances, surtout qu’on n’était pas venus ici depuis des années. C’est vraiment spécial de voir que les gens ont écouté l’album, connaissaient les paroles. Ça n’aurait pas pu mieux partir la tournée ! »

La musicienne et son équipe le savent, toute la préparation du monde ne peut garantir le succès espéré. Même si le talent est incontestable et le potentiel d’exportation tout autant. Ce sont des moments comme celui-là qui viennent confirmer qu’ils sont sur la bonne voie. « On veut partager le projet avec qui veut l’entendre et on verra où ça va nous mener », lance la Montréalaise, terre à terre. Reste que tout est bien en place pour que l’on retrouve dans les années à venir le nom de Charlotte Cardin sur des marquises toujours plus imposantes et plus prestigieuses de par le monde.

Consultez le site de Charlotte Cardin