David Marchand, Francis Ledoux et Étienne Dupré ont tout juste 30 ans, mais déjà ils cumulent à trois plusieurs projets qui leur ont permis de jouer avec Klô Pelgag, Mon Doux Saigneur, Jesse Mac Cormack et Alex Burger, entre autres. C’est toutefois à travers zouz que les trois musiciens ont choisi de s’exprimer, en faisant complètement fi des étiquettes.

Après deux EP aux sonorités noise rock lancés en 2017 et en 2018, le puissant trio a lancé son premier album le 15 octobre dernier. On les a rencontrés dans un café montréalais quelques jours avant leur départ pour une tournée qui va les amener un peu partout au Québec. « On n’était pas nécessairement tout le temps à l’aise d’avoir cette étiquette de band noise rock, nous explique David Marchand, guitariste, auteur et chanteur. Le côté chanson est maintenant plus présent qu’avant, on enlève un peu de distorsion et de maquillage, le visage apparaît avec plus de substance. »

Une substance incroyablement riche qui ose et qui brouille la vue de celui qui veut à tout prix classifier le son zouz.

« Les gens veulent mettre la musique dans des catégories et cartographier tout ce que les musiciens font, soutient David Marchand. Je ne pense pas que ce soit nécessaire de nous mettre dans une case, de nous enfermer dans un enclos ; on essaie d’avoir du fun avant tout et de faire de la musique qui nous plaît. » On entend tantôt Galaxie, un peu de Fred Fortin, un soupçon de Karkwa ou de Malajube. « Nous sommes bien sûr de la génération qui a écouté Karkwa et Malajube quand on avait 18-19 ans », reconnaît le jeune musicien aujourd’hui âgé de 29 ans.

Ça nous a inspirés, c’est sûr, mais j’ai sursauté quand j’ai entendu un journaliste nous dire que les groupes de notre âge qui font du rock choisissent l’une ou l’autre de ces deux influences-là. C’est tellement réducteur !

David Marchand

C’est en toute humilité que David Marchand nous dit qu’il entend davantage King Crimson que Malajube quand on l’invite à qualifier sa propre musique. Parce que oui, le trio montréalais a l’audace d’explorer des structures rythmiques parfois inattendues, il n’hésite pas à oser certaines ruptures de tempo, les enchaînements d’accords sont souvent inventifs, mais le résultat demeure très digeste, on est bien loin du corsé math-rock. Les jeunes musiciens ne s’imposent aucune limite, toujours en se fiant à leurs instincts. « On a davantage une signature qu’un style, affirme Francis Ledoux, alias François Farouche. On essaie de ratisser large, mais tout le temps, ce que l’on va entendre, c’est zouz. »

Les pièces de l’album ont été développées pendant une semaine de jam dans le Bas-Saint-Laurent, mais ont surtout été peaufinées en studio. « Tout a été changé en studio, mais l’idée de base était là, nous explique le batteur et réalisateur. On fait la majorité des décisions artistiques lors de l’enregistrement, ça pouvait donc aller dans toutes les directions. »

Sur scène, l’accueil est excellent, même que les gars s’étonnent de voir à quel point le public est diversifié. « On va souvent chercher des gens de générations plus vieilles que nous, reconnaît Francis Ledoux en regrettant de ne pas résonner autant auprès d’un public plus jeune. Mais quand on regarde un gars comme Fred Fortin, on voit qu’il a réussi à créer un beau pont entre les générations. La grande majorité de mes amis aiment ça, musiciens ou non, et j’ai l’impression que beaucoup de gens plus vieux aiment ça aussi. Est-ce qu’on peut créer ça avec zouz ? Je ne sais pas, mais j’aimerais ça. »