Il faut accorder à Marc Dupré qu’il a le sens de l’accroche musicale. Où sera le monde (sans point d’interrogation) est plein de refrains plus grands que nature, qui s’imposent comme des évidences. Qu’il évoque des amours chancelantes ou l’incertitude face à l’avenir du monde, il construit ses chansons comme des hymnes calibrés pour les ondes radio et les spectacles dans des amphithéâtres. Et sur ce plan, son huitième disque atteint son objectif.

Le revers de la médaille, c’est qu’en se moulant à un format pop, teinté de rock, parfois de pulsations europop (Tiens-moi fort) ou même d’une très légère touche funky (Tout l’amour qu’on donne), il offre encore des chansons assez impersonnelles ponctuées de rimes faciles. Son chant est souvent noyé dans des arrangements chargés et surtout parfaitement génériques, tout est gonflé au point que l’émotion reste le plus souvent en surface. Seule son énergie positive agit comme un baume.

Et quand la machine se tait, pour le dernier morceau, Que pour toi, on aperçoit un autre versant du chanteur. Seul à la guitare, il se met dans la peau d’un parent séparé qui, le cœur lourd, se rappelle les beaux moments passés. Là, dans ce dépouillement, avec un texte simple et juste signé Nelson Minville, Marc Dupré dégage toute la vulnérabilité qu’il faut. La chute est parfaite. On se demande pourquoi il s’encombre d’autant d’artifices, alors qu’il est capable d’offrir des chansons vraies comme celle-là.

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Où sera le monde

Pop

Où sera le monde

Marc Dupré

Musicor

6/10